L'ancien député républicain Aaron Schock, qui avait voté contre le mariage pour tous, vient de faire son coming out. Des militants américains l'avaient outé l'an dernier.
Outre-Atlantique, on crie "enfin". Enfin, parce que l'ancien membre du Congrès américain Aaron Schock a fait enfin son coming out. Dans un long message publié hier sur son blog et sur ses réseaux sociaux, l'ex-homme politique du parti Républicain a révélé qu'il était gay.
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Outing politique
"Je suis gay, écrit Aaron Schock. Pour ceux qui me connaissent et pour beaucoup qui ont seulement entendu parler de moi, ce n'est pas une surprise." En avril dernier, plusieurs photos de l'ex-élu de l'Illinois en charmante compagnie au festival de musique Coachella avaient commencé à lever le voile sur son homosexualité. Sur l'une d'entre elles, on voyait Aaron Schock entouré de plusieurs garçons que les internautes ont vite identifiés comme homosexuels. Sur une autre, la silhouette prétendue de Schock, pris la main dans le slip d'un garçon qu'il embrasse passionnément. Ces photos avaient mis le feu à la communauté gay américaine, et rien à voir avec la plastique particulièrement travaillée de cet accro au fitness.
Car par trois fois dans sa carrière d'homme politique, Aaron Schock s'est opposé à des lois censées améliorer les droits et les conditions de vie des personnes LGBT d'outre-Atlantique. Il a voté contre l'abrogation du "Don't Ask, Don't tell", qui intimait aux personnes LGBT dans l'armée de ne pas dévoiler leur orientation sexuelle, contre l'inscription des personnes LGBT+ dans la liste des groupes à protéger des crimes de haine, et contre l'ouverture du mariage à tous les couples. Des votes qui, après la publication des photos de Coachella, lui ont valu d'être la cible de nombreux militants LGBT américains. Qui sont allés jusqu'à publier sur le web une vidéo intime de l'ancien homme politique.
"Je me sentais seul"
Aaron Schock revient donc, dans le long texte qui accompagne son coming-out, sur ces différents épisodes de sa vie. De son enfance dans le Midwest, dans une famille catholique, à Washington, où il fut le plus jeune député élu au Congrès. Et d'un parti très conservateur, quand ce n'est pas carrément homophobe. Un background qui a empêché Aaron Schock de sortir du placard pendant de nombreuses années. Jusqu'à la publication des photos à Coachella.
"Quelques jours après le festival Coachella, je suis monté dans ma voiture, avec toute la peur et l'anxiété que je suppose que beaucoup ressentent quand ils se dirigent finalement vers cette conversation longtemps évitée avec leur famille. Et je pense qu'il serait juste de dire que la vie est intervenue" écrit Schock. "Au milieu du trajet, j'ai eu ma mère au téléphone. Les photos en ligne montraient clairement ce que j'allais dire à ma mère en personne. Ce pourquoi j'avais pris la route. Elle m'a dit de retourner à Los Angeles. Je n'étais pas le bienvenu à la maison pour Pâques." Et sa famille n'a pas été beaucoup plus ouverte. "La nouvelle a été accueillie avec tristesse, déception et citations bibliques. Beaucoup des membres de ma famille ont eut exactement celle que je craignais." Aujourd'hui encore, certains lui envoient des mails vantant les mérites des thérapies de conversion.
Regrets
Au delà de son coming-out, l'ex-député est aussi revenu sur ses votes anti-LGBT au Congrès. Des votes qu'il regrette. "En 2008, en tant que républicain élu dans un district conservateur, j'ai adopté la même position sur le mariage gay détenue par le candidat de mon parti, John McCain", a-t-il expliqué, avant de rendre hommage aux militants LGBT. "Ceux qui font le plus bouger les choses n'occupent jamais de poste électif. Je peux vivre ouvertement maintenant en tant qu'homosexuel à cause des gens extraordinaires et courageux qui ont eu le courage de se battre pour nos droits quand moi, je ne l'ai pas fait : des militants communautaires, des dirigeants, des gens LGBT ordinaires, des blogueurs, qui ont rallié les gens à notre cause. Je le reconnais même face aux critiques intenses et parfois vicieuses de ces mêmes personnes."
"La vérité est que si j'étais au Congrès aujourd'hui, je soutiendrais les droits LGBTQ de toutes les manières possibles. Je me rends compte que certaines de mes positions politiques vont à l'encontre du courant dominant du mouvement LGBTQ, et je les respecte pour ces différences. J'espère que les gens me permettront la même chose." Pas sûr que ce mea culpa suffise aux militants LGBT américains.