justiceÀ Madagascar, une lesbienne détenue en raison de son orientation sexuelle libérée

Par Timothée de Rauglaudre le 14/04/2020
Madagascar

Domoina Ranabosoa, jeune lesbienne de 33 ans, avait été arrêtée à Madagascar pour ses relations sexuelles avec sa compagne de 19 ans. Sa demande de libération provisoire a été acceptée.

Le 10 mars, Domoina Ranabosoa, Malgache lesbienne de 33 ans, avait été placée en détention provisoire, à la prison d’Antanimora, dans la capitale d'Antananarivo. L'accusation ? "Détournement de mineur de moins de 21 ans", alors qu'elle avait simplement eu des relations sexuelles consenties avec sa compagne de 19 ans, Fyh, d'après Amnesty International.

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L'organisation non gouvernementale internationale de défense des droits humains a indiqué par la suite que, mardi 7 avril, la demande de libération provisoire de Domoina Ranabosoa a été acceptée et qu'elle a pu retrouver sa famille. En revanche, les charges retenues contre elles n'ont pas été abandonnées. À Madagascar, le code pénal prévoit jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour "quiconque aura commis un acte impudique ou contre-nature avec un individu de son sexe mineur de moins de vingt-et-un ans".

Législation discriminatoire

Comme le raconte Amnesty International, Domoina Ranabosoa et sa petite petite Flyh avaient décidé de s’installer ensemble. Cependant, la mère de Fyh, voyant cette relation d'un mauvais œil, a porté plainte contre Domoina au titre de cet article. Un comité de libération s'était par la suite forme autour de Flyh. Une page Facebook avait été lancée, atteignant plus de 3 600 mentions "J'aime", où les citoyens étaient invités à poster des photos d'eux faisant sur le front le signe "L" comme "libération".

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Dans un modèle de courrier à adresser au président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, l'organisation demande l'abandon des charges contre la jeune femme mais aussi l'abrogation de l'article en question du code pénal et l'amélioration des conditions de détention : "J’ai appris avec soulagement que Domoina Ranabosoa avait été libérée provisoirement de la prison d’Antanimora le 7 avril, mais je déplore que les accusations arbitraires de détournement de mineur sur la  personne de sa compagne, âgée de 19 ans, qui découlent de dispositions discriminatoires, n’aient pas été abandonnées. Amnesty International estime que la législation à l’origine de son inculpation doit être abrogée, car elle est discriminatoire envers les personnes LGBTI. Les relations entre personnes de même sexe ne devraient jamais être passibles de poursuites pénales."

 

Crédit photo : Capture Facebook