Dans une nouvelle biographie allemande, l'ancien pape Benoît XVI assimile la progression du mariage pour tous et du droit à l'avortement à l'avancée de "l'Antéchrist".
À 93 ans, le pape émérite, prédécesseur de François, n'a visiblement pas dit son dernier mot. Dans une biographie autorisée intitulée Benoît XVI : une vie, parue ce lundi 4 mai en Allemagne aux éditions Droemer Knaur, Joseph Ratzinger s'est confié sur plus de 1.000 pages au journaliste et écrivain allemand Peter Seewald, ancien rédacteur en chef du journal Der Spiegel.
Le journaliste a déjà consacré plusieurs ouvrages à Benoît XVI avant, pendant et après son pontificat, dont un livre d'entretien en 2016 intitulé Dernières conversations.
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Dans ce nouveau livre, d'après une dépêche de l'AFP, l'ex-souverain pontife entonne le refrain de la victimisation, accusant ses détracteurs de vouloir "faire taire [sa] voix" et d’œuvrer à une "déformation malveillante de la réalité" en les dépeignant comme un critique du pape François. Il compare aussi le mariage des couples de même sexe à l' "Antéchrist" et dénonce les "idéologies humanistes".
"On est excommunié quand on s'y oppose"
"Il y a cent ans, on aurait jugé encore absurde de parler de mariage homosexuel, aujourd'hui, on est excommunié quand on s'y oppose, affirme celui qui a été pape entre 2005 et 2013 avant de renoncer à ses fonctions. C'est la même chose pour l'avortement ou la création des humains en laboratoire. [...] La société moderne est en train de formuler un credo antéchristique qui vaut d'être excommunié de la société lorsqu'on s'y oppose."
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Ces positions ultraconservatrices n'ont rien de surprenant. En 2005, par exemple, il avait entériné un texte invitant à soumettre les séminaristes à une enquête pour déterminer s'ils "pratiquent l'homosexualité, ou s'ils présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou s'ils soutiennent ce qu'on appelle la culture gay" - on sait désormais désormais que cette proposition était largement due au prêtre et psychothérapeute français Tony Anatrella, accusé ensuite d'agressions sexuelles sur des hommes, y compris un mineur, au cours de ses consultations.
En revanche, les déclarations du pape émérite tranchent avec le chemin d'ouverture dans lequel se sont engagés les évêques allemands, qui ont reconnu en décembre dernier l'homosexualité comme une "forme normale de prédisposition sexuelle", une petite révolution à l'échelle de la vieille Église catholique.
Crédit photo : Levan Ramishvili/Flickr