religionEn Indonésie, bientôt des "thérapies de conversion" obligatoires pour les trans ?

Par Timothée de Rauglaudre le 08/05/2020
thérapies de conversion

En Indonésie, les exorcismes sont fréquemment utilisés pour "guérir" les personnes LGBT+. Des députés veulent forcer les personnes transgenres à subir ces "thérapies de conversion".

Alors que des députés français veulent faire interdire les "thérapies de conversion", certains de leurs homologues indonésiens semblent vouloir en faire une doctrine d'État. Dans une dépêche datée du 7 mai, l'AFP raconte l'histoire de l'exorcisme qu'Andin* a dû subir pour "guérir" de son identité de femme transgenre et qui continue de lui donner des cauchemars.

À LIRE AUSSI : Un évêque français condamne les « thérapies de conversion »

La femme de 31 ans a été enfermée par sa famille pendant plusieurs jours dans une pièce, et bombardée de versets coraniques, aspergée d'eau glacée par un imam promettant d'extirper sa "maladie". Mais c'est un exorcisme qui reste son pire souvenir. "C'était traumatisant, ce souvenir horrible reste dans mon esprit."

Proposition de loi prioritaire

Les exorcismes sont une épreuve courante pour les personnes homosexuelles et transgenres en Indonésie, où l'homosexualité est pourtant légale, sauf dans la province d'Aceh. Six cliniques de la capitale Jakarta ont confirmé à l'AFP proposer des exorcismes pour "guérir" des personnes LGBT+. À mesure que le pays, qui compte la plus grande population musulmane au monde, a pris un virage vers un islam plus conservateur ces dernières années, les discriminations contre la population LGBT+ se sont développées.

À LIRE AUSSI : Judaïsme et homosexualité en France, entre « thérapies de conversion » et ouverture

Dans ce contexte, des députés conservateurs ont déposé une proposition de loi sur la "Résistance de la famille". Selon ce texte, prioritaire dans le programme du Parlement, les personnes transgenres seront contraintes à une "rééducation", par des exorcismes et d'autres traitements, pour les "guérir" de ce qui est considéré comme une déviance sexuelle. La proposition de loi devait être présentée dans les mois à venir mais la date est incertaine, le processus législatif étant en grande partie gelé en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus.

*Le prénom a été modifié

 

Crédit photo : Pratyeka/Wikimedia Commons