réseaux sociauxPour Facebook, les menaces de mort envers les personnes LGBT+ ne méritent pas d'être modérées

Par Nicolas Scheffer le 03/07/2020
Facebook

Les discours de haine ont explosé sur les réseaux sociaux depuis la mort de Sarah Hegazy. Des militants LGBT+ ont adressé une lettre à Facebook pour réclamer une meilleure modération des contenus.

Dans une vidéo publiée sur Facebook, on peut voir une femme qui justifie de lapider des homos. Une autre montre Sarah Hegazy brûler. Des militants LGBT+ du monde arabe ont écrit, ce jeudi 2 juillet, à Facebook pour qu'il modère les contenus haineux. Au Moyen-Orient, ces discours de haine explosent depuis la mort de la militante, symbole des luttes pour les droits LGBT+ en Égypte. Sarah Hegazy a été retrouvée morte dans son appartement canadien deux semaines plus tôt. Elle s'y était expatriée après avoir été accusée de "promouvoir une dérive sexuelle" pour avoir brandit un drapeau arc-en-ciel en Égypte.

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Pourtant, le réseaux social se targue d'une tolérance zéro concernant les discours de haine. La lettre est co-signée par 22 groupes militants des droits de LGBT+ dans le monde arabe. Ils accusent l'entreprise de "laxisme" dans l'application de sa politique de modération. "Alors que la communauté LGBTQI+ de la région a signalé des centaines de posts de haine, la plupart de ces signalements ont été refusés car le contenu 'ne contrevient pas aux standards de Facebook'", explique la lettre.

Appliquer les mêmes critères de modération au Moyen-Orient qu'en Occident

"Aux États-Unis et en Europe, il n'y a pas de place pour diffuser un message de haine à l'égard de l'orientation sexuelle, de la couleur de peau, de la religion ou n'importe quel autre critère social", explique Adam Muhammed, le directeur de l'un des collectifs basé au Maroc, cité par Openly, l'agence de la Thomson Reuters Fondation. "On a adressé une lettre à Facebook pour demander à ses dirigeants d'instaurer les mêmes règles de modération ici que dans les autres pays", poursuit-il.

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Dans sa réponse, Facebook argue que le réseau social dispose d'équipes de modération disponibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les équipes parlent 50 langues, y compris l'arabe. Selon Facebook, son outil d'intelligence artificielle parvient à repérer 90% des discours de haine. Ces contenus seraient retirés avant même que les utilisateurs ne les signalent. "Nous savons que nous avons encore beaucoup de travail à faire et nous continuerons à travailler avec des membres de la communauté LGBTQI+ dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord pour développer nos outils, notre technologie et nos standards de modération", commente Facebook.

Une prise de conscience

Nicolas Gilles, l'un des co-fondateurs de l'association ANKH qui défend les droits LGBT+ espère que la mort de Sarah Hegazy occasionnera une prise de conscience. Il rappelle que la militante s'est battue contre le harcèlement en ligne. "La communauté LGBT+ dans le monde arabe voit les effets du harcèlement et chacun se dit qu'il pourrait être le prochain, nous ne l'accepterons pas", explique-t-il.

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