TwitterAvec le hashtag nécessaire #EtreTransCest, les personnes trans racontent leurs vécus

Par Florian Ques le 03/08/2020
transidentité

Sur Twitter, ce mot-dièse s'est rapidement hissé en haut des tendances. Grâce à lui, des dizaines de personnes trans francophones partagent leurs histoires et demandent une meilleure considération de leurs identités.

Terrain de jeu préféré des haters, Twitter est aussi, on l'oublie souvent, un lieu où la parole se libère. En témoigne le succès rencontré par le hashtag #EtreTransCest. Lancé une première fois en 2016, le tag a rencontré un grand succès ces dernières 24 heures, cumulant plusieurs milliers de tweets à l'échelle française. Grâce à ce mot-dièse, une kyrielle de personnes trans témoignent de leurs vécus, racontant les difficultés qu'elles rencontrent dans l'acceptation de leur transidentité au quotidien.

Être trans, c'est faire partie d'une communauté qui doit constamment justifier son existence. Telle est l'idée générale qui se dégage avec ce hashtag libérateur. Que ce soit au sein du corps administratif, au cinéma ou encore dans les cercles familiaux, la marge de progression est grande pour que les personnes trans soient mieux considérées. Trop souvent invisibilisées, elles réclament ainsi l'espace qu'elles méritent. Et soulignent les problèmes à résoudre.

Lutter contre une norme réductrice

Dans l'ensemble, les tweets répertoriés dénoncent le besoin de coller à des standards cis et hétéronormés. "Être trans, c'est l'injonction au passing, souligne un.e internaute. Devoir incarner un certain nombre de stéréotypes de genre pour être reconnu.e.s comme on est. Renoncer au maquillage quand on est un homme, aux vêtements amples et aux cheveux courts quand on est une femme. Voir nos homologues cis se faire applaudir quand iels brisent les normes genrées, alors qu'on nous accuse de faire semblant quand on fait pareil".

D'autres mettent en lumière les gestes mis en œuvre pour correspondre à ces normes pernicieuses. "Être trans, c'est ne pas pouvoir porter certains vêtements, ne pas pouvoir aller à la piscine, ne pas savoir dans quel vestiaire ou quelles toilettes aller", constate un autre twittos. Cette oppression poussee certain.e.s à mettre leur corps en danger. "Être trans, c'est se niquer la santé à porter un binder pour avoir un semblant de torse plat", explique plus loin un jeune homme trans. Vient ensuite la question des droits.

Une législation en retard

Sans surprise, les retards législatifs envers les personnes trans sont également pointés du doigt. "Être trans, c'est ne pas pouvoir fonder sa famille et devoir supporter les discours transphobes de l'Assemblée Nationale", avance un utilisateur de Twitter, faisant écho à l'exclusion des personnes trans de la PMA pour Toutes.

https://twitter.com/adampouf/status/1289932040050073606

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Les professionnels de la santé font également l'objet de reproches. En effet, le corps médical est épinglé pour sa méconnaissance de la santé des personnes trans. "Être trans, c'est galérer pour trouver et accéder à des soins adaptés auprès de médecins à peu près bienveillants", déplore une internaute. D'autres en profitent pour mettre en exergue l'absence d'informations mises à disposition de la communauté trans, en particulier relatives aux opérations chirurgicales.

Une solidarité salvatrice

Si les difficultés sont nombreuses, d'autres ont tenu à souligner les aspects plus lumineux de leur transidentité. "Être trans, c'est une fierté, assure une jeune femme trans. C'est beaucoup de frayeurs, de difficultés, de discriminations. Mais c'est aussi un bonheur indescriptible de de reprendre le contrôle de son corps et de sa vie".

La solidarité et d'entraide au sein de la communauté trans sont louées. "Être trans, c'est pas que du négatif, renchérit un autre twittos. J'ai trouvé au milieu d'une communauté pourrie et déchirée, des personnes hautes en couleurs qui m'aident et m'aiment. Merci à vous. Sans vous, je n'aurais jamais eu accès à toutes ces informations".

L'idée de seconde famille revient à maintes reprises. "Être trans, c'est se sentir pendant des années on ne peut plus esseulée et perdre sa famille... mais trouver un soutien et une solidarité sans faille chez d'autres meufs et enfin se sentir entourée", ponctue une autre usagère de la plateforme. Qui a dit que Twitter n'était que colère et mépris ?

Crédit photo : Les Films du losange