Le tribunal judiciaire de Lorient a condamné deux internautes pour insultes homophobes à l'encontre du maire de Plœmeur, dans le Morbihan, lors d'une vague de harcèlement sur le réseau social X (Twitter).
"Ils étaient vraiment pathétiques", souffle auprès de têtu· Ronan Loas, le maire de Plœmeur, une ville de 18.000 habitants dans le Morbihan (Bretagne). Pour des insultes homophobes proférées à son encontre en août 2023 sur X (Twitter), le tribunal judiciaire de Lorient a condamné ce lundi 2 décembre deux hommes, âgés de 36 et 70 ans, à des amendes de 1.000 euros et 1.600 euros – dont la moitié avec sursis – ainsi qu'à 250 euros de dommages et intérêts chacun.
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Cet été-là, l'élu était critiqué, entre autres par l'association de défense des océans Sea Shepherd, pour ne pas avoir réussi à sauver un bébé phoque échoué sur la plage de Plœmeur. Les deux internautes avaient quant à eux participé à un harcèlement de l'édile. "J'ai un peu l'impression d'avoir été tabassé par 300 personnes et qu'on condamne les deux qui n'ont pas couru assez vite", déplore le maire et conseiller départemental, proche du parti Horizon d'Édouard Philippe.
La mairie fermée
Il faut dire que les harceleurs s'en sont donné à cœur joie pendant une semaine. "J'ai dû couper mes réseaux sociaux, je n'en dormais plus la nuit, témoigne Ronan Loas. Nos boîtes mails étaient remplies, mes harceleurs appelaient aussi la mairie, on a reçu des courriers… Ça a atteint un tel point qu'on a dû fermer la permanence de l'hôtel de ville pendant deux jours." Le préfet de la région Bretagne a encouragé le maire à déposer plainte et à réaliser des captures d'écran des messages publiés à son endroit sur les réseaux sociaux. Parmi ceux-ci, l'internaute de 70 ans avait écrit, anonymement : "On dit qu'à la mairie, ils n'aiment pas les phoques pourtant il y a au moins un foc à Plœmeur." Le second : "C'est pas nouveau que Ronan Loas est une s*l*p*."
"L'homme de 70 ans n'assumait pas avoir publié ce tweet. Puis, il a nié le caractère homophobe de son propos", note le maire, ouvertement homosexuel. Nos lecteurs férus d'étymologie auront remarqué que l'internaute avait pris soin d'orthographier "foc" car on dit "pédé comme un foc", cette voile prenant le vent par l'arrière… Le président du tribunal n'a d'ailleurs pas manqué de relever cette finesse d'esprit. "Il a même prétendu qu'il ne savait pas que j'étais gay, ce qui ne change de toute façon rien à la visée homophobe de son tweet", reprend le maire. Et de conclure : "C'était important que la justice affirme que participer à un tel harcèlement n'est pas tolérable et qu'elle rappelle que ces propos sont évidemment homophobes." Quant aux 500 euros de dommages et intérêts que lui verseront les deux condamnés, Ronan Loas promet de remettre à une association LGBTQI+.
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