Une femme trans a été agressée chez elle à Quimper par deux hommes qui lui ont volé de l'argent et des objets de valeur. Ses agresseurs ont été condamnés à 3 ans et 18 mois de prison ferme.
Quand elle s'en donne les moyens, la justice peut être diligente. Le tribunal judiciaire de Quimper vient de condamner en comparution immédiate deux agresseurs d'une personne trans.
La jeune femme a été violentée chez elle, dans son appartement de Quimper. Le 25 juillet, elle rencontre dans un bar-tabac Yoani, un homme de 39 ans avec qui elle discute. Les deux se rencontrent plusieurs fois avant que Yoani ne se rende chez la jeune femme avec son colocataire, Grégory, 43 ans. Au cours de la soirée, la victime se rend compte que Grégory a tenté de lui voler son téléphone portable. Elle le renvoie alors chez lui tandis que son acolyte lui demande de l'aide financière, ce qu'elle refuse.
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Violences, vol et séquestration
Deux jours plus tard, les deux amis décident de rendre une nouvelle fois vite à la jeune femme avec des intentions malveillantes. "Viens, on va chez la pute", écrit Yoani par SMS à Grégory, raconte Le Télégramme.
Arrivés chez elle, Yoani la pousse à l'intérieur, lui donne un coup de poing et lâche "je ne suis pas pédé". L'agression dure une longue heure pendant laquelle ils l'insultent et la giflent. Yoani repousse la femme sur son canapé et la menace de "lui couper un doigt, de la tuer et de mettre son corps dans le congel" si elle ne donne pas ses codes bancaires. Ils effectuent plusieurs retraits, lui volent une montre de luxe, 500 euros en liquide et un chèque de 3.000 euros. L'agression a valu 10 jours d'interruption totale de travail (ITT) à la victime.
"Quand elle m'a dit qu'elle était trans, j'étais énervé"
Les deux hommes ont été placés en garde à vue le 29 juillet avant une audience en comparution immédiate le 31 juillet. "À l'audience, celui qu'elle a rencontré dans le bar a avoué le caractère transphobe de l'agression en déclarant avoir eu envie de la dépouiller lorsqu'il a appris qu'elle était trans", détaille Bruno Gonidou, délégué en Bretagne de SOS homophobie joint par TÊTU.
"Il y avait de la drague, mais quand elle m'a dit qu'elle était trans, j'étais énervé", plaide Yoani pendant l'audience cité par le quotidien régional. Yoani, dont le casier judiciaire est déjà chargé, a été condamné à trois ans fermes et Grégory à 18 mois de prison ferme. Aujourd'hui, "la victime est traumatisée. Elle avait fait confiance à cet homme alors qu'elle était plongée dans une extrême solitude", avance le délégué de SOS homophobie.
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Selon Bruno Gonidou, "Quimper n'est pas épargnée par la transphobie et l'homophobie". Pour y faire face, Phénix, une nouvelle association de personnes LGBT+ a vu le jour. Elle vise à venir en aide aux personnes victimes d'exclusion du fait de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Elle met également en place un hébergement d'urgence.
Crédit photo : Wikimedia commons / Henri Moreau