cinémaQue vaut "Les Nouveaux Mutants", le blockbuster queer de Marvel ?

Par Florian Ques le 31/08/2020
Les Nouveaux Mutants

Maintes fois repoussé par son distributeur, ce film dérivé de l'univers X-Men a enfin trouvé sa place dans les salles obscures françaises. Et avec lui, une romance lesbienne en premier plan.

Peu de longs-métrages auront connu le même parcours du combattant que Les Nouveaux Mutants. Alors que la Fox tient à surfer sur le buzz positif autour du remake de Ça, le film est contraint d'être corrigé pour ajouter de nouvelles scènes afin de le rendre plus horrifique. Censé paraître initialement en 2018, il se voit décalé au mois d'août de l'année suivante. Mais Disney rachète la Fox, et n'est pas emballée par le produit fini. S'ensuit la crise du coronavirus et, de facto, la fermeture temporaire des cinémas. Le 26 août 2020, Les Nouveaux Mutants débarque enfin. Après tant de détours, de remaniements et autres obstacles, ce spin-off à peine assumé des X-Men vaut-il le coup ? Pas vraiment.

De la queerness assumée

Mais avant de répertorier les (nombreuses) failles de ce film jugé maudit par beaucoup, il est nécessaire d'en souligner sa dimension historique. Les Nouveaux Mutants est assurément le premier blockbuster super-héroïque à mettre un couple lesbien en premier plan. On s'autorise une pensée au deuxième opus de Deadpool qui incorporait le duo romantique Negasonic/Yukio, tristement sous-exploité. Ici, l'ADN queer du récit est pleinement revendiqué, avec un véritable développement narratif pour les deux personnages féminins concernés, Dani et Rahne.

L'action démarre d'ailleurs avec Dani (jouée par Blu Hunt), rescapée d'une supposée tornade ayant ravagé la réserve indienne où elle habitait avec son père. Soupçonnée d'avoir des super-pouvoirs, elle est accueillie dans un pseudo-asile psychiatrique où logent d'autres jeunes mutants. Parmi lesquels, Rahne (incarnée par Maisie Williams de Game of Thrones), une fille tourmentée capable de se transformer en loup.

Regards qui en disent long, gestes d'affection, baiser attendu...  Les Nouveaux Mutants est, à bien des égards un teen movie et leur histoire d'amour naissante peut paraître simpliste. Mais surtout, elle semble précipitée. Dans sa version finale, le film dure à peine un peu plus de 1h30, laissant imaginer que des scènes ont été coupées pour privilégier l'action et l'horreur. La romance entre Dani et Rahne en pâtit et s'impose comme superficielle, bien que le long-métrage parvienne à en faire quelque chose de vaguement touchant. Pour une première love story lesbienne majeure chez Marvel, on s'attendait à mieux.

Trop de références

Le problème des Nouveaux Mutants ne réside toutefois pas dans cette romance queer à l'emporte-pièce. Le film se noie sous les influences, assumées au point d'en devenir illisibles. On se retrouve face à un gloubi-boulga qui brasse aussi bien Les Griffes de la nuit avec du Vol au-dessus d'un nid de coucous, saupoudré de The Breakfast Club avec un zeste de X-Men (oui, quand même). Autre référence, la série Buffy contre les vampires, qui apparaît non pas une, mais deux fois diffusée sur un téléviseur en toile de fond. En veillant à accentuer les passages entre Willow et Tara, le couple lesbien iconique de la série. Mais à trop essayer d'être plusieurs genres cinématographiques en même temps, le film n'excelle dans aucun.

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Malgré son twist progressiste, le film échoue à se forger sa propre identité, laissant un arrière-goût de déjà vu (en mieux, ailleurs) tout au long du visionnage. En revanche, le film peut être apprécié avec un second degré béton, comme ces nanars dont on se délecte malgré leur piètre qualité. Le faux accent écossais de Maisie Williams devrait par exemple déclencher quelques gloussements dans la salle. S'il reste divertissant avec un dernier acte un tantinet plus convaincant, ce film super-héroïque n'est pas à la hauteur et ne devrait pas laisse un souvenir impérissable dans la tête des fans. Pour la première romance lesbienne de Marvel, c'est bien dommage.

Crédit photo : 20th Century Studios