transidentitésCe médiateur polonais est persuadé que les écoles changent le genre des enfants de force

Par Nicolas Scheffer le 04/09/2020
Pologne

Il a affirmé à la télévision que dans une ville de Pologne, des éducateurs sexuels donnaient des médicaments aux enfants pour changer leur genre, sans même que les parents soient informés. C'est évidemment faux. Il refuse de démissionner.

Fake news. Le médiateur chargé de la protection de l'enfance en Pologne, Mikolaj Pawlak s'est opposé à l'éducation sexuelle enseignée dans les écoles. Le 1er septembre, il a affirmé à la télévision que les éducateurs donnent aux jeunes enfants trans des thérapies hormonales sans le consentement des parents ni même des médecins. Depuis, des militants demandent sa démission, qu'il refuse de donner.

"Ils l'ont dit dans des médias"

"À Poznań, ils (les éducateurs, ndlr) ont attrapé un enfant plutôt instable, négligé et lui ont donné des médicaments pour changer son genre sans même que les parents et les médecins soient informés et aient consenti à ce traitement. Nous empêchons cela !", dit-il. Quand le journaliste lui demande de confirmer que des éducateurs donnent à des enfants des hormones, Mikolaj Pawlak répond : "c'est déjà arrivé. Ils l'ont dit dans des médias récemment". Sauf que c'est totalement faux.

https://twitter.com/RemyBonny/status/1301052239822290949?s=20

Le fact-checker Konkret 24 n'a retrouvé aucun article qui relate de tels faits. Lorsque la chaîne a demandé au procureur de Poznań s'il avait connaissance des faits décrits, le magistrat a reconnu qu'il n'a rien entendu qui puisse le confirmer. "Le bureau du procureur n'a reçu aucune plainte concernant des éducateurs sexuels qui auraient donné aux enfants des hormones ou d'autres médicaments pendant les heures de classe", a déclaré un porte-parole.

À LIRE AUSSI : La démission d’un recteur après une sortie atroce sur les LGBT+ fait polémique en Pologne

"C'est totalement absurde"

Le maire de la ville a également critiqué les propos du médiateur. "Certaines personnes sont tellement fermées sur le plan idéologique, qu'elles trompent et mentent à l'opinion. Ce qu'il dit est totalement absurde. L'éducation sexuelle est dispensée par des enseignants", a déclaré Jacek Jaśkowiak.

À LIRE AUSSI : L’Église polonaise souhaite des « cliniques » pour « aider » les personnes LGBT+ à devenir hétéro

Les élus locaux ont demandé à Mikolaj Powlak de reconnaître son erreur, ce qu'il a refusé. Il est même allé plus loin en notifiant au procureur national une possible "vente illégale d'hormones à des mineurs pour changer de sexe (sic)". Un article publié dans le Tygodnik Solidarnosć affirme que des activistes trans discutent avec des enfants pour les informer à propos de ces hormones "illégales".

Le médiateur persiste et va plus loin

Mikolaj Powlak a jugé que les informations contenues dans l'article pointe "des incitations illégales concernant des enfants" et alerté que cela pourrait "mettre en danger leur santé, même leur vie et appelé à une réaction immédiate et ferme des autorités par un renforcement de la loi".

À LIRE AUSSI : La Pologne finance une ville « sans LGBT » qui a perdu des subventions européennes

Des députés de la majorité ont pris leurs distances avec ces déclarations. "Dire des bêtises à propos de médicaments qui change le genre de quelqu'un, c'est rabaisser le débat de la sexualité à l'école", a déclaré Pawel Kowal, membre du parti droit et justice au pouvoir. Une pétition demande le retrait de Mikolaj Powlak, l'accusant de "discréditer l'une des plus grandes institution de la république de Pologne".

 

Crédit photo : Capture d'écran TVN24