À la télévision, le recteur de Lodz a parlé d'un "virus LGBT" qu'il juge pire que la Covid-19. Après sa démission, le parti au pouvoir a dû marteler que sa démission "n'avait rien à voir avec ses déclarations dans les médias".
Il avait évoqué un pseudo "virus LGBT". Grzegorz Wierzchowski, le recteur de l'académie de la région de Lodz a été licencié. En Pologne, son retrait a fait l'objet d'une vive polémique. Les commentateurs croient savoir qu'il aurait été remercié pour ses propos tenus à la télévision. Dans l'émission "Discussions inachevées", il compare le coronavirus et "l'idéologie LGBT" (sic) et défend une position LGBTphobe.
À LIRE AUSSI : Pologne, une carte recense l’inquiétante progression des « zones sans LGBT »
"Je pense que ce virus LGBT, le virus de l'idéologie est beaucoup plus dangereux (que le coronavirus, ndlr). Il s'agit d'un virus de déshumanisation de la société", déclare le recteur sur Telewizja Trwam, une chaîne dirigée par une organisation catholique. Il a ensuite dénoncé l'éducation sexuelle des pays de l'ouest, notamment en Allemagne. "Regardez ce qui se passe au-delà des frontières, par exemple en Allemagne. Il y a une éducation sexuelle obligatoire et permissive où, dans les écoles par exemple, dans les manuels, il y a des exercices dans lesquels les enfants doivent concevoir un bordel et l'administrer. Nous avons affaire à une dictature. Une dictature de personnes clairement minoritaires et qui imposent leur idéologie", lâche-t-il.
Demande de démission de l'opposition
Ces propos ont indigné l'opposition politique qui a demandé sa démission. "Le recteur dit que nous sommes au stade du virus LGBT et je dis que le conservateur a été attrapé par le virus de la stupidité. Et ce n'est pas la première fois !", écrit sur Twitter le député de gauche Tomasz Trela qui appelle à la démission. "Comment pouvez-vous parler des gens d'une manière aussi dégoûtante parce que ces personnes ont une orientation sexuelle différente ? Oui, monsieur le ministre (de l'Éducation qui est interpellé, ndlr), les LGBT ne sont pas une idéologie ou un virus, mais des gens. Comme vous, le recteur et tout autre militant de votre parti", insiste-t-il dans une lettre au ministre de l'Éducation.
Sa demande a été soutenue par Slawomie Broniarz, le président du syndicat des enseignants polonais. "Le virus le plus grave est celui de la stupidité. Il est encore plus dangereux lorsqu'un personnel de l'éducation est infecté...", a appuyé Dariusz Joński, député de Lodz cité par le Polska Times.
"Rien à voir avec ses déclarations"
Mais lorsque le licenciement a été confirmé, le recteur a été soutenu par une partie de la population. À tel point que le ministère a précisé que le licenciement du recteur n'était pas lié aux propos qu'il a tenu à la télévision. "Le ministre de l'Éducation a répondu positivement à cette demande de licenciement après une analyse approfondie des activités du recteur de Lodz", insiste une porte-parole du ministère à TVN24. Le préfet de la région a insisté en avançant que la démission "n'avait rien à voir avec ses déclarations dans les médias". Il ajoute qu'ils ont commencé à discuter du cas du recteur à partir du 14 août, avant l'intervention télévisée.
À LIRE AUSSI : La Pologne finance une ville « sans LGBT » qui a perdu des subventions européennes
Le parti Solidarna Polska (parti de droite conservatrice issu d'une scission avec le PiS au pouvoir, mais qui a soutenu la réélection du président) a déclaré sur Twitter : "La démission du recteur de Lodz, que les médias associent à sa déclaration à la télévision sur la menace de l'idéologie des LGBT, a suscité des inquiétudes au sein de nos électeurs. Nous partageons pleinement son opinion sur les menaces qui pèsent sur la jeunesse polonaise et qui sont posées par une idéologie LGBT agressive et discriminatoire". "Solidarna Polska ne permettra à personne en Pologne de perdre son emploi car elle protège nos enfants contre l'offensive vulgaire des milieux de gauche qui luttent contre nos valeurs !", écrit Janusz Kowalski, un député Solidarna Polska.
Une centaine de communes "sans LGBT"
Les actes LGBTphobes sont de plus en plus décomplexés en Pologne. Andrzej Duda, le président (Droit et Justice, PiS) au pouvoir entretien un climat LGBTphobe. Pendant la campagne pour sa réélection, il a assimilé l'homosexualité à une "idéologie" comparable à du "néo-bolchevisme". Une centaine de communes se sont déclarées "sans LGBT". Un ministre a déclaré que "c'est toute la Pologne qui devrait être une zone sans LGBT". Début août, des manifestations ont éclaté dans le pays pour soutenir des militants LGBT+ arrêtés par la police après avoir dégradé un véhicule d'une association "pro-vie" qui faisait un lien entre homosexualité et pédophilie.
Crédit photo : Capture d'écran Telewizja Trwam