Paris déboulonne une plaque commémorant Guy Hocquenghem, accusé d'avoir défendu la pédophilie

Par Nicolas Scheffer le 04/09/2020
Guy Hocquenghem

La mairie de Paris a déboulonnée une plaque commémorative à Guy Hocquenghem, qui avait été inaugurée en janvier. Des élus et des féministes reprochent à l'ancien militant du FHAR d'avoir défendu la pédophilie.

Elle était située au 45, rue Plaisance, dans le XIVème arrondissement de Paris. Une plaque commémorative de Guy Hocquenghem a été retirée par la mairie dans la nuit du 3 septembre, après une vive polémique dans le sillage de l'affaire Matzneff, indique Le Parisien. Guy Hocquenghem est un militant des droits des homosexuels. Normalien, journaliste à Libération, il fut l'un des leaders du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR).

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À cette époque, dans les assemblées générales du FHAR, Guy Hocquenghem défend le sexe avec des mineurs. "Il y a des enfants qui adorent les vieillards, y compris sexuellement", déclare-t-il sur Antenne 2, le 12 mai 1978. À cette époque de militantisme pour la libération sexuelle, le FHAR veut "faire la guerre aux normaux et l'amour entre nous". En 1972, Guy Hocquenghem écrit "faire l'amour avec quelqu'un, c'est aussi vouloir le transformer".

Les relations enflammées entre la mairie et les féministes

Un riverain dit au journal francilien son "soulagement" de voir la plaque retirée. "À la suite d'interpellations relatives à certains écrits et prises de position totalement indéfendables de Guy Hocquenghem, la ville a décidé que la plaque ne sera pas reposée", soutient une source de l'hôtel de ville au Parisien. Cette plaque enflammait les relations entre la mairie et les militantes féministes depuis la démission de Christophe Girard, un proche de Gabriel Matzneff, soupçonné d'abus sexuels sur mineurs.

De nombreux militants et élus demandaient à la ville le retrait de cette plaque. Dimanche, le collectif Les Grenades a jeté du faux sang sur la plaque et inscrit au sol "ici est honoré un ferment apologiste de la pédocriminalité". La plaque retirée avait été inaugurée en janvier 2020 et a fait l'objet d'un vote à la fois au Conseil de Paris et au conseil d'arrondissement.

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Révolutionnaire, militant de la cause homosexuelle

Guy Hocquenghem est né en 1956 et mort du sida en 1988. À la suite du mouvement de 1968, il milite et théorise la cause homosexuelle. Volontiers provocateur, il écrit des essais comme Le Désir homosexuel ou La Dérive homosexuelle. Mais son texte le plus connu du révolutionnaire est une Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, avec une une préface de Serge Halimi où il s'en prend à ses anciens camarades.

En 1976, Guy Hocquenghem publie Co-ire, un numéro de la revue Recherches. Cette revue "appartient à un vaste ensemble d'écrits et de revendications auxquels est souvent accolé l'adjectif "pédophile", écrit Antoine Idier dans Les Vies de Guy Hocquenghem. Le terme est trompeur : leurs auteurs ne se livrent pas à l'apologie du viol mais considèrent qu'appartiennent à la libération sexuelle les réflexions sur une sexualité qui unit adultes enfants". Déjà, le pamphlet provoque des débats intense entre Guy Hocquenghem et les féministes, rappelle Libération dans un portrait.

Tout au long de sa vie, Guy Hocquenghem a dénoncé "l'homosexualité à la papa" des militants d'Arcadie qui réclament le "droit à l'indifférence". Il aura donné à l'homosexualité une "image à la fois provocante et séduisante, non plus craintive et secrète, mais combative et publique", écrit Le Monde à sa mort en 1988.

 

Capture d'écran : YouTube / INA