Christiane TaubiraPourquoi les propos de Xavier Bertrand sur la PMA pour toutes agacent

Par Nicolas Scheffer le 07/12/2020
Xavier Bertrand

Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a déclaré que l'ouverture de la PMA à toutes les femmes n'est "pas prioritaire". La révision de la loi bioéthique a pourtant plusieurs années de retard, notamment à cause de la droite.

Il a des intentions présidentielles, mais pas beaucoup d'ambition pour les droits des personnes LGBT+. Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand a déclaré que la PMA pour toute n'était pas une réforme prioritaire. "Si la PMA nous amène à la GPA, je ne suis pas pour", a-t-il ajouté ce dimanche sur France 3.

"Nous nous en rappellerons en 2022", se désespère l'association de parents gays et lesbiens (APGL). Alors que le projet de loi bioéthique n'a toujours pas été voté définitivement, Xavier Bertrand s'en est pris à la PMA. Il répète l'argument de la Manif pour tous qui veut qu'accorder le droit à toutes les femmes d'avoir accès à la procréation médicalement assistée conduise à la Gestation pour autrui (GPA). Surtout, il croit que la GPA finirait par la "marchandisation du corps". "Derrière cette question de la PMA, je ne vois pas comment on se prémunit d'aller vers la GPA et la question de la marchandisation du corps", dit-il sur le plateau de Dimanche en politique.

Une révision "pas prioritaire" pour le baron de la droite

En 2015, lors d'une table-ronde de la Manif pour tous, Xavier Bertrand déclarait qu'il était "pour l'abrogation et la réécriture" de la loi Taubira. Au sujet de la PMA, le président des Hauts-de-France n'est pas clair. Sur France 2, il s'était dit "pour si on ne va pas vers la GPA". Alors, Francis Letellier le relance tant bien que mal pour connaître sa position sur le fond. D'autant que le texte en débat actuellement ne mentionne pas la GPA.

Sur Twitter, le compte ParisPasRose a rappelé les louvoiements du candidat et ironisé : "La colonne vertébrale de Xavier Bertrand sur l'égalité des droits : une fois oui, une fois non, et tout le temps ouin-ouin, je ne comprends pas pourquoi personne ne me croit" écrit Claire Underwood.

Candidat pour l'élection de 1988 ?

Mi-figue, mi-raisin, le potentiel candidat de la droite pour la présidentielle de 2022 a assuré que l'ouverture de la PMA à toutes les femmes n'est "pas prioritaire". Un internaute s'est demandé si Bertrand est candidat pour l'élection de... 1988. Xavier Bertrand oublie surtout de dire qu'au lieu de faire voter rapidement le texte pour passer à autre chose, la droite à trainé des pieds et rallongé de toutes ses forces le parcours parlementaire.

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Après un vote au début de l'été, le projet de loi doit être voté en seconde lecture au Sénat (dont la majorité est à droite). Six mois après son vote à l'Assemblée, le Sénat ne l'a toujours pas inscrite à son ordre du jour et n'a pas communiqué de date pour le faire. Avant l'adoption définitive, une commission mixte paritaire devra être créée avant une très vraisemblable troisième lecture à l'Assemblée.

Une révision déjà en retard

La dernière révision de cette loi date de 2011, alors même que les aspects bioéthiques doivent être révisés tous les sept ans. Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) recommande même une révision tous les cinq ans. Plusieurs scientifiques regrettent déjà une révision de la loi... dépassée par rapport aux avancées scientifiques.

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La France est surtout à la traîne sur le sujet de la PMA. L'accès à la PMA pour toutes les femmes est déjà autorisé dans 10 pays de l'Union européenne : en Suède, en Finlande, au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg, en Espagne, au Portugal, au Royaume-Uni et même en Irlande, pays pourtant très catholique. En Autriche, elle est autorisée aux couples de femmes, mais pas aux célibataires.

 

Crédit photo : Capture d'écran / France 3