Le sculpteur Laurent Faulon accuse Claude Lévêque de l'avoir attouché et violé entre ses 10 et ses 17 ans. Il aurait également violé ses deux frères. Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête judiciaire.
Il est visé depuis le printemps 2019 par une enquête du parquet de Bobigny pour "viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans". Le Monde révèle que le célèbre plasticien Claude Lévêque est accusé de viols sur mineurs. Le sculpteur Laurent Faulon lui reproche d'avoir abusé de lui et de ses deux frères, alors mineurs dans les années 1980. Les actes sont prescrits, "mais cette plainte me permet de dénoncer à la justice d'autres actes non prescrits sur d'autres victimes et de signaler qu'un ou plusieurs mineurs sont, à l'heure actuelle, en grand danger", déclare-t-il dans une lettre à la procureure. Une procédure judiciaire est en cours, indique le parquet, sans plus de commentaire.
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Des premiers attouchements auraient eu lieu alors qu'il avait 10 ans. Ces derniers se seraient ensuite transformés en séances de masturbation. Puis, des rapports sexuels "quotidiens" jusqu'à ses 17 ans. "Je ne pouvais pas dire non à Lévêque. J'aurais eu le sentiment d'être bête, ringard. J'avais peur qu'il ne s'intéresse pas à moi si je ne me laissais pas faire", témoigne le sculpteur dans le quotidien du soir, âgé aujourd'hui de 51 ans. L'un des deux frères concerné par les accusations est décédé il y a 22 ans, d'un suicide. Le second frère n'a pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde.
"Il a séduit mes parents"
"Quand il est apparu dans la famille, j’avais 3 ans. On est une famille de prolos. Lui est arrivé avec toute une culture musicale, pop, artistique, qui était comme une promesse de culture, et de s’élever. Il a séduit mes parents, surtout ma mère, témoigne Laurent Faulon dans Le Monde. Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était une chance d’avoir rencontré ce type, d’avoir pu changer de classe sociale".
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Un mail troublant de Claude Lévêque date de décembre 2018. "Ça me désole qu’on soit parvenu à ce point de non-retour tant de temps après une aventure forte à une certaine époque, inavouable aujourd’hui. Les plaisirs se sont transformés en douleur et tristesse (...) Je m'en veux de n'avoir pas su mesurer ta souffrance souterraine révélée lors de tes confidences et accusations récentes. Mon ego, hors réalités, m'a emporté dans une idéalisation hors sol, vers quelqu'un qui m'a aimé dans la fraîcheur de ses sentiments. Ça me mine aujourd'hui", écrit-t-il.
Laurent Faulon aurait choisi de parler à la justice en février 2019 après "une prise de conscience", pour "trouver une forme de réparation et de me débarrasser d'un sentiment de culpabilité et de honte". Avant, il a contacté des associations. Selon Le Monde, trois personnes ont été entendues par les magistrats, mais pas encore le célèbre plasticien.
Deux plaintes contre X
L'avocat de l'artiste, Me Emmanuel Pierrat, a fait savoir qu'il avait déposé deux plaintes contre X fin 2020. "Une première du chef de diffamation et une seconde des chefs de dénonciation calomnieuse et chantage", écrit l'avocat dans un communiqué cité par Le Quotidien de l'art. La première plainte a été déposée en 2016 après des lettres anonymes dans lesquelles Claude Lévêque est accusé de pédocriminalité. L'enquête avait à l'époque été classée sans suites.
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"Monsieur Laurent Faulon croit pouvoir mentionner dans sa plainte, au soutien de ses accusations diffamatoires, le visionnage d'un prétendu film à caractère pédopornographique, en 1978 ou 1979, en compagnie de son frère, d'amis et de Claude Lévêque. Or, le film auquel fait référence Laurent Faulon est un film d'art programmé dans le cadre d'un festival de cinéma expérimental à la fin des années 1970 à la maison de la culture de Nevers. Ce film a ensuite été projeté, à plusieurs reprises", écrit l'avocat. Selon la défense, une autre victime et des témoins évoqués dans la plainte auraient démenti les accusations de Laurent Faulon.
Crédit photo : Capture d'écran YouTube / Frac des Pays de la Loire