LGBTphobieLa députée Laetitia Avia visée par une enquête judiciaire après des propos humiliants

Par Nicolas Scheffer le 21/01/2021
Laetitia Avia

Une enquête pour "harcèlement moral" a été ouverte, cet été, par le parquet de Paris. Elle vise la députée Laetitia Avia qui aurait eu des propos homophobes, racistes, sexistes.

La justice a lancé cet été une enquête sur la députée de Paris et porte-parole LREM, Laetitia Avia. Elle est soupçonnée de "harcèlement moral" après des plaintes d'anciens collaborateurs. Cinq personnes ont rapporté des humiliations répétées et des propos homophobes, sexistes, racistes...

Cette information vient d'être confirmée par le parquet de Paris qui précise que l'enquête a été ouverte le 9 juillet dernier. Certains plaignants auraient été entendus par les policiers. Son avocat, Me Basile Ader, n'a pas souhaité commenter. Cinq anciens assistants parlementaires ont accusé Laetitia Avia de les avoir humiliés, harcelés, et d'avoir abusé de son pouvoir sur eux. La députée aurait moqué le physique et la tenue vestimentaire de militantes ou d'une élue.

"L'amendement des PD"

À cela s'ajoutent des propos sexistes, racistes ou homophobes dans des messages avec ses collaborateurs. En 2018, après le vote d'un amendement, elle a écrit "on a voté l'amendement des PD", selon une capture d'écran publiée par Mediapart. Elle aurait également critiqué, devant son équipe, la communication d'une ancienne ministre du gouvernement. "C’est ma copine [mais] elle communique très mal sur ce qu’elle fait. C’est ce qu’il se passe quand tu mets un gay à la com’", aurait affirmé Laetitia Avia.

La députée s'en serait également pris à un ancien salarié d'origine asiatique. "Tu es un faux Chinois, tu ne maîtrises pas Mac", lui aurait-elle envoyé. Certaines élues auraient également été qualifiées, en privé, de "putes".

Des "accusations mensongères"

La députée a dénoncé des "accusations mensongères", une "manipulation" et a porté plainte contre le journaliste à l'origine de l'article pour diffamation. "Certains sont partis, aucun ne s'est jamais plaint de harcèlement. Presque tous m'ont sollicitée après leur départ, pour me demander des conseils, des recommandations ou simplement me donner de leur nouvelles - bien loin du tableau mensonger dépeint", a écrit la parlementaire sur Twitter au moment de l'article. "Des bouts de messages privés ont été troqués, détournés et décontextualisés", avait-elle ajouté.

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Elle avait pourtant fait un début de mea culpa. "L'amendement des PD" est, selon elle, "l'expression qu'utilisait [son] ex-collab, lui même homosexuel, pour désigner cet amendement [...] J'ai repris ses mots dans un message sans imaginer qu'il puisse être détourné. Ce détournement heurte, j'en suis conscience (sic) et désolée." En février 2020, la cellule anti-harcèlement de l'Assemblée avait pourtant été saisie, tout comme la déontologue. La présidence du palais Bourbon et du groupe LREM avait été avisés.

La députée de Paris, avocate de profession, est connue pour avoir porté une proposition de loi portant sur la haine en ligne. Cette loi a été votée mi-mai mais elle a été vidée de son contenu par le Conseil Constitutionnel qui a jugé que la loi portait atteinte à la liberté d'expression.

 

Crédit photo : Capture d'écran Facebook