Accusé d'agression sexuelle et de tentative de viol, Dominique Boutonnat s'est vu remettre d'un trophée d'honneur par Le Film français ce jeudi 4 mars. Fidèle à ses convictions, la réalisatrice de Portrait de la jeune fille en feu a quitté la cérémonie.
Encore une fois, Céline Sciamma a appliqué le mot d'ordre "on se lève et on se barre" de Virginie Despentes. Comme le rapporte Mediapart, la cinéaste française a abruptement quitté la cérémonie des Trophées du Film français. Et pour cause, cette 28ème édition a remis un prix surprenant à Dominique Boutonnat, le président du Centre national du cinéma (CNC) actuellement mis en examen. Le 11 février 2021, ce dernier a été accusé d'agression sexuelle et de tentative de viol par son filleul âgé de 22 ans.
Laurent Cotillon, le directeur du Film français, précise tout de même que le trophée d'honneur ayant été remis tend à récompenser "l'institution CNC et les centaines d'agents qui l'animent". Et précise, en prime, que "Dominique Boutonnat en étant le représentant légal, il ne nous appartenait pas, au-delà même de la présomption d'innocence, de refuser sa venue". Selon la responsable communication du CNC, le président de l'organisme était tenu d'être présent pour recevoir ce prix puisqu'il continue "à exercer l'ensemble des compétences attachées à ses fonctions", et ce "pour les raisons publiquement annoncées par la ministre et tenant au respect de la présomption d'innocence".
À LIRE AUSSI : Céline Sciamma démolit l’industrie du cinéma français dans une interview au Guardian
Suite à la remise de prix, la réalisatrice de Portrait de la jeune fille en feu aurait donc quitté l'assistance avant même de recevoir le trophée Unifrance pour son long-métrage acclamé. De fait, elle ne figure pas sur les photos des lauréats prises post-cérémonie. Cela dit, Céline Sciamma n'est pas la seule à s'être opposée à ce que Dominique Boutonnat exerce encore ses fonctions. En effet, le 26 février dernier, dix organisations professionnelles de l'industrie cinématographique – dont le collectif 50/50 luttant pour la parité et la diversité dans ce milieu – ont demandé sa "mise en retrait" à Emmanuel Macron, le temps que la justice fasse son travail. Selon elles, "le besoin d'une gouvernance refondée et relégitimée à la tête du CNC passe nécessairement par sa mise en retrait". Le président du pays ne s'est pas encore prononcé.
Crédit photo : Shutterstock