Dans une interview à un journal italien, l'actrice aux deux César confie qu'elle ne tournera plus aucun film avec des réalisateurs confirmés, à l'exception de Céline Sciamma, Adèle Haenel leur préférant de jeunes artistes correspondant à ses engagements politiques.
Adèle Haenel est une actrice de conviction. À 33 ans, elle a tourné avec Céline Sciamma, Bertrand Bonello, André Techiné ou encore les frères Dardenne, tant de grands noms du cinéma qui ont contribué au prestige d'une jeune carrière déjà couronnée par deux César. Depuis sa contribution au mouvement #MeToo qui secoué le cinéma français, puis son geste à la cérémonie des César 2020 pour protester contre le sacre de Roman Polanski malgré les accusations de violences sexuelles à son encontre, son engagement politique contre les oppressions systémiques n'a fait que se renforcer. Si bien qu'à présent, elle déclare dans une interview au journal italien Il Manifesto parue le 29 avril : "J'en ai fini avec le cinéma".
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Relancée pour savoir si c'est une décision définitive et totale, Adèle Haenel nuance et précise sa pensée : "Je ne travaillerai plus avec des réalisateurs établis mais seulement avec de nouveaux artistes qui débutent. La seule avec qui je pourrais travailler est Céline Sciamma car notre relation va au-delà du travail, mais cela devra être dans un autre système économique." Et l'actrice de développer : "Aujourd'hui, je suis beaucoup plus impliquée dans la lutte non seulement féministe, mais aussi contre le racisme et le capitalisme". Or la militante en est convaincue, le système capitaliste est foncièrement "sexiste et raciste" : "Nous devons le combattre. Car c'est tout un système unique et inégal, qui n'apporte que destruction et violence. Et la lutte doit être collective."
Adèle Haenel au théâtre
Adèle Haenel n'en a donc pas complètement fini avec le cinéma. "Nous avons beaucoup d'artistes qui veulent faire des films d'une autre manière, dans une autre économie, avec un autre type de représentation, avec d'autres corps", souligne-t-elle, gardant cette porte ouverte : "Je pourrais participer à ce cinéma, si ça arrive". Elle cite notamment l'oeuvre de Payal Kapadia, A Night of Knowing, ou encore Nous, d'Alice Diop, mais reste convaincue qu'il est impossible de s'épanouir dans le système actuel.
En attendant, la jeune femme se tourne vers le théâtre. Elle joue notamment plusieurs rôles dans L'Étang, une pièce de Gisèle Vienne, adaptation d’une histoire d’inceste de Robert Walser. L'art, affirme-t-elle, reste l'un des "centres de [sa] vie", aux côtés de la "politique, qui est aujourd'hui une urgence, une question de vie ou de mort". Et c'est bien son engagement qui, jusqu'à nouvel ordre, l'occupera le plus : "La majeure partie de mon énergie est maintenant consacrée à écouter et à aider les victimes d'abus sociaux."
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