EuropeL'Union européenne sanctionne deux Russes accusés de torturer des gays en Tchétchénie

Par Nicolas Scheffer le 23/03/2021
tchétchénie

L'Union européenne a inscrit sur sa liste noire deux Russes, accusés de persécuter des personnes LGBTQI+ en Tchétchénie. Ces deux hommes, des proches du président Ramzan Kadyrov, ne pourront pas se rendre sur le sol européen.

Ce lundi, l'Union Européenne a imposé des sanctions contre deux Russes accusés de persécuter des personnes LGBTQI+ en Tchétchénie. L'Union a donc mis sur sa liste noire Aiub Kataev, un haut fonctionnaire du ministère russe des affaires intérieures en Tchétchénie et Abuzaid Vismuradov, vice-premier ministre de la région autonome et commandant de l'unité responsable, selon l'UE, de la persécution des personnes LGBT+, indique Reuters. Ils ne pourront pas se rendre sur le sol européen.

"En sa qualité de chef de service au ministère de l’Intérieur de la Fédération de Russie à Argoun, Aiub Kataev supervise les activités des antennes locales de la sécurité de l’État et de la police. À ce titre, il supervise personnellement les persécutions massives et systématiques perpétrées en Tchétchénie depuis 2017", indique le JO de l'UE. Le Journal Officiel ajoute qu'Aiub Kataev a supervisé et pratiqué "personnellement" ces actes de torture.

Des actes de torture

"Aiub Kataev et les forces placées sous son commandement sont responsables de graves violations des droits de l’homme en Russie, en particulier d’actes de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, d’arrestations ou de détentions arbitraires, ainsi que d’exécutions et d’assassinats extrajudiciaires ou arbitraires", pointe le document.

Le vice-premier ministre de la région est accusé "de graves violations des droits de l’homme en Russie, en particulier d’actes de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, d’arrestations ou de détentions arbitraires, ainsi que d’exécutions et d’assassinats extrajudiciaires et arbitraires". 

Une campagne de répression contre ses opposants

"Selon de nombreux témoins, Abuzaid Vismuradov a personnellement supervisé et pris part à des actes de torture à l’encontre de détenus. Il est un proche collaborateur de Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la République de Tchétchénie, qui mène depuis de nombreuses années une campagne de répression contre ses opposants politiques", poursuit le document. Abuzaid Vismuradov est également "garde du corps non officiel" de Ramzan Kadyrov, le président de la Tchétchénie.

Ramzan Kadyrov est sous le coup de sanctions américaines pour violations de droits, ce qu'il nie. Son porte-parole a assuré qu'il ne pouvait pas y avoir d'attaque contre les gays dans son pays puisqu'il... n'y avait pas d'homos en Tchétchénie. En février, l'ONG LGBT set craignait pour la vie de deux hommes qui ont été arrêtés en Russie et transportés vers la Tchétchénie, à 1.700 kilomètres de chez eux. L'association de défense des droits de l'homme craignait qu'ils soient en "danger de mort".

Des électrochocs et des coups

Pendant des années, des personnes LGBTQI+ ont été enfermées dans des camps où elles subissaient des électrochocs et étaient frappées. Des témoins qui ont réussi à s'échapper de cette région ont témoigné de rafles et de brutalités dirigées contre des hommes supposés homosexuels. Des femmes auraient également été victimes de tortures, selon la plus grosse organisation LGBTQI+ en Russie.

Des scènes d'atrocités sont devenues régulières en Tchétchénie. En septembre, un jeune homme de 19 ans a été accusé d'animer une discussion sur Telegram qui dénonçait la brutalité de la Tchétchénie et la complicité de Poutine. Après des "excuses", Salman Tepsurkayev a été forcé de se sodomiser lui-même en s'asseyant sur une bouteille vide. La scène a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux.