Près de deux ans après avoir documenté sa transition en une dizaine d'épisodes aussi éclairés qu'éclairants, Océan revient avec une saison 2. Au programme : un nouveau format et un prisme plus étendu qui valorise les vécus des minorités.
Océan visait déjà très juste en nous racontant, à l'été 2019, son parcours d'homme trans : "Une année de transition FtoM". De façon à la fois intimiste et suffisamment pédagogique, une caméra suivait le comédien dans son quotidien, ponctué d'injections de testostérone et de discussions sensibles avec son entourage proche. Avance rapide. Deux ans plus tard, le nouvel Océan arrive ce jeudi 17 juin en streaming sur la plateforme Slash de France TV. Et si le créateur de ce docu-série est toujours bien au cœur du récit, il n'est plus le seul sujet de cette saison 2. Le focus s'élargit en effet pour explorer une pluralité de vécus trans.
Océan et les autres
Surtitrée En infiltré.e.s, cette deuxième cuvée d'épisodes – il y en a 12 au total, d'une durée avoisinant les 20 minutes chacun – s'apparente donc à une incursion dans la vie de différentes personnes, souvent trans mais pas uniquement. Chaque volet nous invite à suivre Océan alors qu'il part à la rencontre de ces individus. S'ensuivent des conversations authentiques où des membres de la communauté LGBTQI+ se confient à cœur ouvert sur leurs expériences. En prime, une thématique particulière se dégage de chaque épisode. Parmi les divers sujets abordés : la grossophobie, le validisme, le féminisme ou encore l'intersexuation.
La démarche est alors limpide, pour Océan comme pour le spectateur lambda. "En tant qu'homme trans bourgeois, blanc et médiatisé, il était très important pour moi de présenter d'autres parcours afin de montrer au public la complexité, la diversité et la richesse des parcours de transition, dont le mien n'est qu'un exemple finalement très marginal du fait de tous ces privilèges", explique-t-il. De fait, le visionnage de cette saison 2 est enrichissant, la sincérité qu'il instaure avec ses interlocuteurs·trices amenant à des échanges profonds et nuancés. Pouvoir se retrouver entre personnes concernées aboutit, de toute évidence, à une parole plus libre et donc, plus percutante.
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Au niveau du format, cette saison d'Océan diffère de la première. Les séquences de discussions, souvent autour d'une table ou en terrasse d'un café, relèvent très clairement du documentaire. D'autres, en revanche, sont un peu plus hybrides : des talents comme Hafsia Herzi ou Ludivine Sagnier apparaissent ponctuellement, misant en partie sur de l'improvisation pour recréer des échanges gênants auxquels Océan a déjà été confronté. Nécessaires, ces scènes confèrent au docu-série une visée un peu plus didactique, comme des leçons bienveillantes destinées aux personnes cisgenres afin qu'elles apprennent à repérer les écueils du genre pour éviter les maladresses.
Un docu instructif et positif
Au-delà de sa vertu pédagogique, En infiltré.e.s s'impose comme une belle opportunité de mettre en lumière la communauté trans française. Les histoires des personnes trans à l'écran s'enchaînent mais ne se ressemblent pas. Un sentiment de cohésion et de soutien très fort transparaît, en particulier dans les situations de groupe. Une partie des épisodes s'ancrent d'ailleurs dans l'année 2020, marquée par la crise sanitaire, certes, mais aussi par de vives luttes sociales ainsi que la perte de femmes trans parties trop tôt – comme Doona ou Laura, toutes deux directement référencées dans le docu-série.
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Après une première saison déjà coup de coeur, Océan signe un come-back très réussi. Efficace aussi bien dans son format que dans son exécution, cette deuxième saison de la série documentaire prouve avec brio que les vécus trans s'accordent au pluriel. La moindre anecdote fait mouche, toutes les interactions paraissent essentielles. Et si l'on a très envie de louer sa fonction instructive, Océan est aussi un bon divertissement qui n'oublie jamais d'instiller ce qu'il faut de légèreté et d'humour – notamment dans les passages où le comédien retrouve sa mère ou ses amies proches. À dévorer sur France.tv Slash.
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Crédit photo : France.tv Slash