Les citoyens suisses ont voté ce dimanche en faveur de l'ouverture du mariage et de la PMA aux couples homosexuels, huit ans après la proposition de loi.
Tous les cantons du pays, même les plus conservateurs, ont voté pour. Ce dimanche 26 septembre, la Suisse a voté à 64,1% en faveur du mariage et de l'adoption pour tous ainsi que de la PMA pour toutes, selon le comptage définitif du gouvernement fédéral. "Le 26 septembre fera partie de ces dimanches historiques, par l'ampleur et la clarté du résultat", relève Le Temps.
LIRE AUSSI >> La Suisse vote sur le mariage pour tous : "C’était notre hantise que cela se passe comme en France"
"Aujourd’hui, c’est le reflet du changement de mentalité qu’il y a eu ces 20 dernières années, c’est vraiment le reflet de cette très large et très importante acceptation des personnes LGBTQI+ dans la société”, s’est félicitée Olga Baranova, la porte-parole du comité du oui, auprès de l’AFP.
Après huit années de campagne, les premiers mariages se tiendront à partir du 1er juillet 2022, indique Karin Keller-Sutter, conseillère fédérale en charge de la Justice : "Qui s'aime et veut se marier va pouvoir le faire, indépendamment du fait qu'il s'agisse de deux hommes, deux femmes, ou d'un homme et une femme". Dès le scrutin acquis, le conseiller national écologiste Nicolas Walder, a annoncé ce dimanche qu’il comptait épouser son compagnon, le réalisateur colombien Jorge Cadena, rapporte la RTS.
"Une adhésion de toute la population"
C’est dans le canton de Bâle-Ville que le taux de "oui" a été le plus fort, avec 73,9%. En adoptant enfin le mariage pour tous, la Suisse “se met au même rang que les autres pays”, s’enthousiasme Deborah Heanni, du collectif Libero, vingt ans après les premières unions aux Pays-Bas qui ont ouvert le bal en Europe occidentale. "Il y a une adhésion de toute la population et symboliquement c’est très important pour les personnes concernées de voir qu’une majorité du peuple suisse s’engage pour leurs droits et pour une égalité de traitement", a déclaré Yves de Matteis, premier Suisse à signer un pacte civil avec son compagnon en 2001.
La victoire du "oui" était annoncée par des sondages très favorables. D’autant qu’en février 2020, la Suisse a adopté un texte contre l’homophobie adopté à 63%, rappelle Le Temps. Mais les opposants à la réforme avaient mené une campagne offensive à coup d’affiches électorales associant homoparentalité et marchandisation de l’enfant, affirmant que “le mariage pour tous tue le père”. Sur l’une de ces affiches réactionnaires, on peut voir un bébé en pleurs, une étiquette de bétail à l’oreille et cette interpellation : “Des bébés sur commande ?”. Sur une autre, un père mort est dépeint en zombie. Une affiche qui faisait peur aux enfants et que le directeur d’une école primaire de Valais avait décidé de recouvrir.
Pas "la version light"
Désormais, les couples de femmes auront en outre accès à la PMA. Contrairement à la réforme française, la seconde mère sera automatiquement considérée comme second parent de l’enfant. Le don de sperme anonyme reste en revanche interdit, ainsi que le don d’ovocytes. Les couples de même sexe pourront adopter un enfant conjointement, tandis que la GPA reste interdite.
Ce lundi, La Tribune de Genève se félicite que ce ne soit pas “la version light ou au rabais” qui a été adoptée “comme l'avaient un temps envisagé les autorités politiques”. De quoi permettre au Temps de considérer que “la Suisse sait aussi être unie, respectueuse et progressiste”.
Crédit photo : Delia Giandeini / Unsplash