EuropeContre la "tyrannie de la majorité sur les minorités", le vibrant plaidoyer du Premier ministre belge

Par Nicolas Scheffer le 28/10/2021
Alexander de Croo, Premier ministre de Belgique

Alexander de Croo, Premier ministre de Belgique, s'en est pris dans un discours aux gouvernements qui, au sein même de l'Union européenne, nient notamment les droits fondamentaux des personnes LGBTI.

"Il n'y a pas que le climat qui soit menacé, la démocratie libérale l'est également". Contre la "tyrannie de la majorité sur les minorités", le Premier ministre Belge Alexander de Croo a défendu, ce jeudi 27 octobre, l'importance des contre-pouvoirs et d'une démocratie inclusive. "La tyrannie est exactement ce qui surgit en Europe aujourd'hui : les gouvernements s'attaquant à la liberté de la presse, dénigrant les immigrés et les musulmans, niant leurs droits fondamentaux aux femmes et aux personnes LGBTI."

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Devant un parterre d'étudiants, Alexander de Croo présidait la cérémonie d'ouverture du Collège de l'Europe, l'équivalent de l'ENA à l'échelle européenne. "La démocratie libérale n'est pas la réponse la plus simple à nos défis actuels, a reconnu le Premier ministre d'un pays qui s'est trouvé sans gouvernement pendant 18 mois. Mais c'est la bonne réponse". Pourquoi ? "Cela signifie que chacun d'entre nous décide de notre avenir. La démocratie libérale, ce n'est pas avoir un 'dirigeant fort', c'est d'avoir un leadership puissant", argumente le Premier ministre.

"Une victoire aux urnes ne signifie pas un pouvoir absolu"

En ligne de mire notamment, la Pologne qui suit la Hongrie de Viktor Orban sur la pente du recul démocratique au sein même de l'Union européenne. "Un leadership puissant s'appuie sur la diversité et l'inclusion. La démocratie libérale, c'est tout autant la protection des minorités, de protéger la diversité, que le pouvoir de la majorité", martèle le chef de gouvernement.

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"Les récentes attaques contre la Cour de justice de l'Europe [CJUE, ndlr] sont totalement inacceptables, accuse également Alexandre de Croo. Les gouvernements européens qui ne veulent pas respecter les principes de la démocratie libérale sapent toute confiance". Le 7 octobre, un arrêt du Tribunal constitutionnel polonais, étroitement contrôlé par le pouvoir conservateur, a en effet remis en cause la primauté du droit européen sur le droit national, provoquant une crise politique au sein de l'Union. Dernier développement en date : ce mercredi 27 octobre, à la demande de la Commission européenne, la CJUE a décidé d'une sanction d’un million d’euros par jour à l’encontre de Varsovie tant que son gouvernement ne sera pas revenu sur l'une de ses réformes de la justice perçue comme une prise en main par l'exécutif.

"Des cours de justice indépendantes renforçant les libertés civiles occupent une place centrale dans notre démocratie. Ces cours doivent être assez fortes pour s'opposer à une majorité tyrannique", plaide le Premier ministre belge, arguant : "Ce n'est pas l'Ouest contre l'Est. C'est une énorme majorité d'État membres, des pays Baltes jusqu'au Portugal, qui s'accordent à dire que l'Union européenne est une Union de valeur plus qu'une machine à cash." Il appelle donc les dirigeants européens à dénoncer politiquement les gouvernements autocratiques, car "les choses qui ont été prises pour acquises ne le sont plus aujourd'hui". À l'intention des autocrates, il lance : "Une victoire aux urnes ne signifie pas un pouvoir absolu". Et de conclure : "Si nous voulons une Europe efficace, nous devons résoudre ce problème. Ne pas le faire serait comme réarranger les chaises du Titanic".

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