La justice polonaise a confirmé en appel l'acquittement de trois militantes LGBTQI+ qui avaient représenté la Vierge Marie auréolée des couleurs de l'arc-en-ciel. Elles étaient poursuivies pour "offense aux sentiments religieux".
Elles risquaient jusqu'à deux ans de prison. Trois militantes LGBQTI+ ont été acquittées ce mercredi 12 janvier par la Cour d'appel de Plock, à cinquante kilomètres de Varsovie (capitale de la Pologne), du chef d'"offense aux sentiments religieux" pour avoir représenté la Vierge Marie auréolée des couleurs de l'arc-en-ciel. Elles avaient été arrêtées en 2019 puis déjà acquittées l'an dernier en première instance, mais le ministère public avait fait appel du jugement.
À lire aussi : Comme dans un rêve de Zemmour, la Pologne vote une mise au pas de l'école
Les trois femmes étaient poursuivies pour avoir collé à proximité d'une église leurs affichettes destinées à alerter sur une installation LGBTphobe. Car tous les ans, la ville de Plock place dans son centre-ville des petites boîtes représentant des péchés. Or sur certaines de ces boîtes, les mots "LGBT" et "genre" étaient inscrits. "L'homosexualité ne fait plus partie des maladies mentales. Ce qui se joue dans cette Cour est contre la science et la dignité", a déclaré Ela Podlesna, l'une des trois militantes poursuivies, à l'audience ce mercredi matin. "Un arc-en-ciel, ça n'offense pas", a-t-elle martelé à la sortie du tribunal.
"Cette affaire révèle l'homophobie d'État qui sévit en Pologne"
"Cette décision aujourd'hui est un immense soulagement mais ne peut pas cacher le fait que ces trois femmes n'auraient jamais dû être poursuivies dès le départ", a réagi Catrinel Motoc, juriste qui s'est emparée du dossier pour Amnesty International. "Cette affaire révèle l'homophobie d'État qui sévit en Pologne et la manière dont le système judiciaire est utilisé pour cibler, intimider et harceler les défenseurs des droits humains en raison de leur militantisme", ajoute-t-elle dans un communiqué de l'ONG.
Le mal-nommé parti Droit et Justice (PiS), actuellement au pouvoir en Pologne, est régulièrement accusé d'utiliser la justice à des fins politiques. Dernier exemple en date, une réforme prévoit la création d'une chambre disciplinaire au sein même de la Cour suprême, censée rester indépendante. Mais cette instance de sanction doit être composée de membres nommés par le parti au pouvoir. L'agence Reuters rapporte à ce sujet que la Commission européenne devrait prochainement infliger une amende de 70 millions d'euros à la Pologne en représailles à cette mesure
Crédit photo : Amnesty International