Trois militantes des droits de l'homme ont été acquittées en Pologne. Elles étaient poursuivies pour "offense au sentiment religieux" et étaient soupçonnées d'avoir représenté la Vierge auréolée d'un arc-en-ciel.
C'est une victoire pour les militants LGBTQI+ polonais. Trois militantes des droits de l'homme ont été acquittées. Elles étaient jugées pour avoir collé des affiches de la Vierge auréolée avec les couleurs de l'arc-en-ciel...
The hearing is now over. Ela, Joanna and Anna have been acquitted as their actions are protected by the right to freedom of expression. We call on authorities to refrain from targeting and harassing any other peaceful activists simply because of their activism #TeczanieObraza pic.twitter.com/dlapOzx0JY
— Amnesty Polska (@amnestyPL) March 2, 2021
Les trois femmes risquaient jusqu'à deux ans de prison pour "offense au sentiment religieux". Les autorités les soupçonnaient d'avoir collé ces affiches fin avril dernier, à proximité d'une église. Cette campagne avait pour objectif d'alerter sur une installation LGBTphobe. Chaque année, la ville de Plock, au centre du pays, installe de petites boîtes qui représentent des pêchés, des "fautes contre la raison, la vérité, la conscience droite", selon le Catéchisme de l'Eglise Catholique.
En 2019, les mots "LGBT" et "genre" y étaient inscrits."L’orientation sexuelle n’est pas un péché ou un crime. La Vierge Marie protège les personnes LGBT+ de l’Église et des prêtres qui se permettent de condamner les autres", avait alors déclaré l'activiste Elzbieta Podlesna à la BBC. Ce mardi 2 mars, le tribunal a considéré qu'elles exerçaient leur droit à la liberté d'expression.
Une perquisition et une garde à vue
En 2019, le domicile d'Elżbieta, l'une des trois femmes poursuivies, avait été perquisitionné. Son ordinateur, son téléphone et ses cartes mémoire ont été fouillés et la militante a été placée en garde à vue. "La garde à vue a ensuite été déclarée injustifiée et la police a dû verser une indemnisation à Elżbieta qui l'a reversée à une association LGBT+", dénonçait en novembre dernier Sébastien Tüller, responsable des questions LGBTI à Amnesty.
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"Ces trois femmes étaient poursuivies pour leur militantisme pacifique, sur des motifs qui n'auraient jamais dû être évoqués. Elles ont risqué d'être enfermées en prison simplement pour avoir défendu les droits LGBTI dans un climat de haine et de discriminations en Pologne", s'est félicitée Catrinel Motoc, qui s'est emparée du dossier chez Amnesty International.
"L'acquittement de ces militantes courageuses montre que ces poursuites ne sont rien d'autre qu'une technique d'intimidation des autorités polonaises. Nous appelons urgemment à arrêter d'utiliser le système judiciaire pour cibler et harceler les militants des droits de l'homme, simplement à cause de leur activisme", poursuit-elle. En attendant, dans un message interne à l'association, elle appelle les militants d'Amnesty à "célébrer cette victoire".
Crédit photo : Capture d'écran Twitter / Draginja Nadaždin