SantéVIH/sida : la prévention doit davantage cibler les hétéros

Par Gabriel Moullec le 11/02/2022
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C'est nouveau, les hétéros sont désormais plus nombreux que les gays et bis dans les nouvelles contaminations au VIH. Ce qui alerte sur l'importance d'élargir les populations ciblées par les campagnes de prévention et de faciliter encore le dépistage.

Du nouveau outre-Manche sur le front du VIH. Alors que s'ouvre au Royaume-Uni une semaine d'incitation au dépistage du virus responsable du sida, le prince Harry a donné l'exemple et une goutte de son sang royal pour appeler tous les hétéros à le suivre et faire leur test. Car pour la première fois dans ce pays, comme c'est déjà le cas en France, les hétéros ont dépassés les gays et les bis dans les nouvelles contaminations.

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Britain's news channel rapporte en effet les résultats d'une nouvelle étude de l'agence de sécurité sanitaire britannique (UKHSA) montrant que pour la première fois, les hétéros sont plus nombreux que les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (HSH) dans les nouveaux diagnostics aux VIH. Ainsi 49% des nouvelles contaminations ont concerné en 2020 des hétéros contre 45% d'hommes bis/gays. Cette année marquée par le Covid-19 a en outre conduit à une baisse plus marquée des dépistages chez les hétéros (-33%) que chez les homos et les bis (-7%).

Le dépistage trop tardif du VIH

Résultat, particulièrement chez les hétéros, les diagnostics sont souvent réalisés tard : la moitié découvrent qu'ils vivent avec le VIH à un stade avancé. Mais pas d'inquiétude démesurée, même au stade sida, une personne sous traitement peut désormais maîtriser sa charge virale et devenir indétectable.

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Face à ces données, le Royaume-Uni s'interroge sur sa stratégie de dépistage. S'il n'est évidemment pas question de relâcher les efforts qui portent leurs fruits auprès de la communauté gay (le nombre de nouvelles contamination a baissé de 74% depuis 2014), le pays s'interroge sur les nouvelles populations à risque.

"Beaucoup ont peur de faire un dépistage"

"Aujourd'hui, dans les journaux, l'épidémie de VIH au Royaume-Uni est désormais dans les actualités heureuses. Nous avons de très bons moyens de prévention, de tests et de traitements. Quelqu'un qui est diagnostiqué aujourd'hui a une espérance de vie équivalente aux autres grâce à une prophylaxie efficace qui permet par ailleurs de ne pas pouvoir transmettre le virus", rappelle à juste titre le chroniqueur du Guardian, Ian Green. Avant d'ajouter : "Mais le grand public n'a pas encore mis à jour son regard. Et c'est un grand problème, pas seulement parce que cela affecte le regard qu'il jette sur les personnes qui vivent avec le VIH, mais parce que beaucoup ont peur de faire un dépistage".

En France, le même phénomène a été constaté dans les dernières données du ministère de la Santé, parues le 1er décembre 2021. Celles-ci montrent que 43% des nouvelles contaminations concernent des hommes gays et bis, 38% des hétéros né·es à l'étrangers et 16% des hétéros né·es en France. Les usagers de drogue représentent environ 1% des nouvelles contaminations. Le ministère estime par ailleurs que 13% des personnes qui vivent avec le VIH ne connaissent pas leur statut sérologique. Bonne nouvelle, depuis le 1er janvier, n'importe qui peut entrer dans un laboratoire d'analyse pour s'y faire dépister gratuitement.

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▶ Pour effectuer un test gratuit du VIH, vous pouvez vous rendre dans l'un des CeGIDD recensés par cette carte :

Crédit photo : PixNio / DarkoStojanovic