États-Unis"Don't Say Gay" : une dystopie glaçante dénonce les lois LGBTphobes visant l'école

Par Gabriel Moullec le 18/02/2022
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Les réactionnaires au pouvoir en Floride veulent à leur tour interdire qu'on parle des questions LGBTQI+ à l'école. Dans une vidéo dystopique, l'association Equality Florida met en scène les conséquences de leur projet de loi dans la vie réelle.

Que ce soit en Russie, en Hongrie, en Pologne ou désormais en Floride, nous renvoyer au placard est la nouvelle obsession de l'internationale LGBTphobe. Aux États-Unis, un projet de loi est porté par le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, avec pour but d'empêcher d'aborder à l'école les questions de genre et d'orientation sexuelle. Pour s'y opposer, un spot publicitaire en forme de dystopie montre les conséquences d'un tel recul s'il était adopté.

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"J'ai deux héros, mes deux mamans"

"Allez Chelsea, c'est à toi !", enjoint à une élève la professeure au début de ce spot imaginée par l'association LGBTQI+ Equality Florida. Un regard complice avec l'une de ses camarades, et l'élève sollicitée s'élance vers le tableau où sa prof lui demande d'évoquer son héros préféré. "J'ai deux héros, mes deux mamans", répond la jeune fille quand soudain, une alarme se déclenche, provoquant la stupéfaction des élèves et de l'enseignante. Sur une affiche, on lit ce rappel à la consigne : "Sujets approuvés par l'État uniquement". Respiration de la professeure, lassée de la censure, qui adresse un sourire rassurant à Chelsea : "Il n'y a pas de problème, tu devrais en être fière". Mais Big Brother surveille, et une voix au microphone demande Mme Thomson au rapport…

"Attaque contre les enfants LGBTQI+"

Le projet de loi ainsi dénoncé, que ses opposants ont baptisé "Don't Say Gay", doit être débattu par les représentants de Floride (sud-est des États Unis) avant d'être soumis à un vote. S'il est approuvé, il ne sera plus possible d'"encourager la discussion en classe sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre au primaire ou d’une manière qui ne convient pas à l’âge et au développement des élèves". Les parents d'élèves pourraient également lancer une action en justice contre les écoles dissidentes. Le Parti républicain soutient cette proposition malgré la forte mobilisation des militants LGBTQI+, appuyée par la Maison-Blanche qui qualifie cette loi "d'attaque contre les enfants LGBTQI+".

S'il était voté, ce projet de loi "stigmatiserait davantage la communauté LGBTQI+, freinerait les efforts visant à créer un environnement scolaire inclusif et isolerait les enfants LGBTQI+ qui courent déjà un risque incroyablement plus élevé de dépression, d'anxiété, et d'idées suicidaires que les autres", s'inquiète Equality Florida dans un communiqué. Reprenant l'argumentaire classique des conservateurs, les républicains avancent qu'il est du rôle des parents – homophobes ou non, donc – d'aborder ces sujets avec leurs enfants.

Des inquiétudes bien réelles

Les sujets LGBTQI+ ne sont pas les premiers à être visés par la censure en Floride. En décembre dernier, le gouverneur Ron DeSantis a déjà défendu une proposition de loi visant à interdire d'aborder la "théorie critique de la race", c'est-à-dire l'analyse de la manière dont le racisme structure les sociétés, fustigeant une manière d'"apprendre à nos enfants à détester notre pays et à se détester eux-même".

Depuis l'interdiction en 2013 de la "propagande homosexuelle" en Russie, les lois associant LGBTQI+ et menace pour les enfants font tâche d'huile dans le monde. Le ministre de l'Éducation polonais a porté un projet similaire à la Floride après s'être inspiré d'une loi hongroise adoptée en juin dernier interdisant toute représentation positive de l'homosexualité auprès des jeunes. En France Éric Zemmour, puis Marine Le Pen, ont salué cette politique de Viktor Orbán avant de faire la course pour obtenir le soutien de Donald Trump. Jusqu'ici, tout va bien…

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Crédit photo : Denin Lawley via Unsplash.