C'est officiel, la drag queen bruxelloise Juriji Der Klee participera à la prochaine saison de RuPaul's Drag Race, en Espagne, qui débute le 27 mars. Portrait d'une artiste complète.
Elle est Bruxelloise, d'origine espagnole et se rend souvent à Paris. Si le monde du drag n'a plus de secrets pour vous, vous n'avez pas pu passer à côté de Juriji Der Klee, qui rejoint le casting de la deuxième saison espagnole de RuPaul's Drag Race, diffusée à partir du 27 mars. Elle serai ainsi la première drag queen bruxelloise à rejoindre la prestigieuse franchise. Il faut dire que l'artiste de 31 ans a bien évolué depuis ses débuts sur la scène drag à l'âge de 18 ans. Aujourd'hui, elle est la créatrice des soirées bruxelloises "Benediction" et fait partie de la troupe tant convoitée du cabaret Madame Arthur, situé en plein cœur de Pigalle dans le 18e arrondissement de Paris.
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Ses prétentions au trône espagnol s'expliquent par ses origines. Née à Madrid, elle y passe les cinq premières années de sa vie avant d'emménager à Bruxelles avec sa famille. Une fois sa majorité atteinte, elle devient gogo danseuse dans les clubs de la capitale belge et se plonge dans le drag. "C'était une façon d'explorer des choses que je n'avais pas le droit de découvrir dans ma vie quotidienne, racontait-t-elle dans une interview pour KET Magazine. Je suis devenue un enfant de club, un personnage agenre avec un maquillage complet et de très petits vêtements." Avec ses ami·es, elle imagine des looks audacieux et accessibles. La majorité du groupe est encore "dans le placard" et le drag leur offre l'occasion de "se sentir libres" le temps d'une soirée.
Juriji, queen du trèfle
Mais c'est bien avant cela qu'est né le personnage de Juriji. À 13 ans, la queen utilise déjà ce nom de scène pour créer sa première adresse mail. Il se compose des deux premières lettres de son nom de naissance, qu'elle partage avec son père et son grand-père, et les premières lettres de ses noms de famille. Ce nom, qui ne l'enferme dans aucun genre en particulier, lui a longtemps permis de se sentir plus en phase avec elle-même : "Depuis toujours je sais que je suis trans et c'était une façon d'être dans ce domaine non binaire. Au début, essayer le drag était un moyen pour moi de gérer ma dysphorie de genre et de comprendre mon propre corps." Elle explore ainsi sa féminité en l'exagérant à outrance sur scène. Dans le même esprit, "der Klee" signifie "le trèfle" en allemand, un symbole pour le troisième genre, "une plante qui représente la rébellion, une mauvaise herbe dont on n’arrive jamais à se débarrasser". Pourquoi l'allemand ? Un hommage à la chanteuse Nina Hagen et au chanteur Klaus Nomi, que la jeune femme admire énormément comme elle le rappelle dans une interview au média Funkidole.
Ne vous avisez surtout pas de sous-estimer Juriji Der Klee car il s'agit bien d'une artiste complète qui multiplie les talents. La jeune femme chante et joue du piano. Après un passage rapide au conservatoire de Bruxelles, où elle se penche sur le chant lyrique, elle s'éloigne vite de ce milieu trop "conservateur" et restrictif pour s'intéresser davantage à "l'ambiguïté vocale" qui la fascine. Son inclinaison va naturellement vers la musique électronique, la musique baroque, mais aussi vers l'opéra. Elle s'inspire notamment de Klaus Nomi, Nina Hagen, David Bowie ou encore Madonna et Annie Lennox. Autant d'artistes au "rapport au genre très fluide dans les années 80". Elle évolue en mélangeant les codes et les genres pour trouver une vibe unique, comme dans son premier single, "Music", un remix de "Music For a While", du compositeur baroque anglais Henry Purcell auquel elle donne un ton plus pop. En 2013, elle sort même un EP, Broken, malheureusement marqué par la trahison de son meilleur ami qui tente de s'approprier les droits de ses chansons qu'elle avait elle-même écrites et composées.
Pour Juriji Der Klee, RuPaul's Drag Race est l'occasion de montrer au monde ce qu'elle vaut. "Désormais, on peut rêver de devenir une superstar du drag, ce qui n'était pas vraiment le cas il y a 12 ans, confie-t-elle à KET Magazine. En fait, ce qui est intelligent, c'est que l'émission est vraiment drôle. C'est accessible et tout le monde regarde, pas seulement la scène queer." Une occasion pour le grand public espagnol de découvrir la queen.
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Crédit photo : Ferran Sánchez
