À l'occasion du 50e anniversaire de la première révolte LGBT en Italie, le pays organise un mois de l'histoire LGBTQI+. Écoles, universités, centres culturels sont conviés à sensibiliser les plus jeunes aux luttes.
Dans un pays où le Sénat a encore bloqué l'an dernier une loi visant simplement à reconnaître les discriminations LGBTphobes, c'est une première significative. L'Italie ouvre en avril 2022 un mois dédié à l'histoire LGBTQI+, à l'occasion du 50e anniversaire de la révolte de Sanremo (à quelques kilomètres de la frontière avec la France), l'équivalent italien de Stonewall. Ainsi le 5 avril 1972, le Front unitaire homosexuel révolutionnaire italien a manifesté pour protester contre l'organisation d'un colloque sur les "Comportements déviants de la sexualité humaine". En 2022, un mois de mobilisation est donc prévu pour faire connaître l'histoire des luttes LGBTQI+ dans le pays, jusqu'au festival du film Lovers, à Turin, le 30 avril.
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Les militants, les écoles, universités, musées ou autres lieux culturels sont invités à faire connaître l'histoire de la communauté LGBTQI+ et à diffuser des ressources documentaires, notamment à destination des plus jeunes. Une initiative qui a déjà fait ses preuves aux États-Unis, en Australie ou au Canada, au Royaume-Uni, au Brésil... En janvier 1994, Rodney Wilson, un professeur de lycée à Saint-Louis, dans le Missouri aux État-Unis, a eu l'idée de ce format d'un mois de pédagogie, sur le modèle de ce qui existe au sujet de la communauté afro-américaine (depuis 1970) ou de l'histoire des femmes (depuis 1978), peut-on lire sur le site du History month italien.
"Créer du lien entre les générations militantes."
"C'est très important pour notre communauté de s'approprier son histoire. Ces célébrations nous permettent de créer du lien entre les générations militantes. Les jeunes sont désireux d'en savoir plus sur les manières de protester. Ce sera notamment l'occasion de rappeler qu'en 1982, l'Italie a été l'un des premiers pays au monde à autoriser le changement d'état civil", complète auprès de têtu· Yuri Guaiana, militant italien de All Out, association qui apporte une aide aux personnes LGBTQI+ persécutées dans le monde.
Les LGBTphobies toujours pas inscrites dans la loi
Il y a une forte demande de la société civile. "Nous avons été sollicités par de nombreuses historiennes et historiens qui n'appartiennent pas nécessairement à la communauté. Mais aussi de nombreuses associations LGTBQI+, des bibliothèques, des organisations féministes. Beaucoup de collègues qui travaillent à l'étranger ont été appelés à participer. Je suis convaincue que la société italienne a une longueur d'avance sur la politique", s'est félicitée Chiara Beccalossi, professeure à l'Université de Lincoln au Royaume-Uni, qui a lancé l'initiative, dans la version italienne de Rolling Stone.
Une proposition de loi a été portée l'an dernier par le député Alessandro Zan pour lutter contre les LGBTphobies, en inscrivant notamment dans la loi une circonstance aggravante aux violences contre les personnes LGBTQI+. Car aujourd'hui, aucun texte ne punit explicitement dans le pays les discriminations et discours de haine contre les personnes LGBTQI+. Le texte devait également reconnaître officiellement le 17 mai comme Journée internationale contre l'homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie (Idaho). Mais en octobre dernier, cette proposition a rencontré une opposition farouche du Sénat, qui a pu bloquer la réforme pendant au moins six mois. "Théoriquement, le débat peut reprendre fin avril. Mais l'opposition devrait rester la même", regrette Yuri Guaiana. Qui sait, le mois de l'histoire LGBTQI+ pourrait aider à une prise de conscience de l'opinion publique…
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Crédit photo : capture d'écran / lgbtplushistorymonth.it