visibilitéHomophobie dans le foot : le coming out de Nicolas Pottier, ex-arbitre international

Par Tessa Lanney le 23/05/2022
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En réaction à l'affaire du joueur du PSG Idrissa Gueye, l'ancien arbitre international de football Nicolas Pottier a fait son coming out le 17 mai avant d'accorder un entretien à Ouest France pour revenir sur ces douloureuses années passées dans le placard.

Ne dit-on pas qu'à quelque chose malheur est bon ? Le comportement d'Idrissa Gana Gueye, le joueur du PSG qui est resté en tribune lors d'un match dédié à la lutte contre l'homophobie, a attisé la colère d'un côté et l'homophobie de l'autre. Mais la séquence a aussi conduit Nicolas Pottier, ancien arbitre international, à faire son coming out sur Twitter le 17 mai, lors de la journée mondiale de lutte contre les LGBTphobies. À présent président du District de football de la Mayenne, il a expliqué à Ouest France le sens de son geste.

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Au départ, Nicolas Pottier explique qu'il n'avait pas prévu de s'exprimer sur le sujet malgré le poids que ce silence faisait peser sur ses épaules : "Cela faisait 10 ans que cela me rongeait". Mais quand éclate l'affaire Idrissa Gueye, Nicolas Pottier décide de "condamner son attitude" sur le réseau social, ce qui déclenche la suite : "Un journaliste m'a appelé. J'ai pensé que c'était le moment... Je me suis juste dis que cela pouvait faire avancer les choses."

Les étapes d'un coming out difficile

Nicolas Pottier revient ensuite sur son parcours, expliquant s'être lancé corps et âme dans l'arbitrage à l'âge de 26 ans, et avoir alors mis sa vie personnelle et sociale entre parenthèses afin de rester "caché". Mais en 2010, après cinq ans d'arbitrage, il décide de "vivre sa vie, et arriverait ce qui arriverait." Un an plus tard, l'un de ses amis, gay, met fin à ses jours, ce qui le bouleverse profondément : "J’ai été pris dans un engrenage. Je suis presque allé au bout de l’enfer. J’ai tenté de gérer ça tout seul. Je me sentais fort. Je ne l’étais pas." Quand le mariage pour tous est légalisé en 2013, il trouve la force de s'ouvrir à son entourage, à ses parents, et sort enfin de cette spirale infernale : "Je m’acceptais de nouveau, mais je traînais 15 ans de mensonge derrière moi."

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Au-delà de son destin personnel, Nicolas Pottier revient sur l'homophobie systémique dans le football. Si son homosexualité n'aura pas à sa connaissance fuité auprès des joueurs, il n'en est pas de même dans le cercle des arbitres, où d'aucuns l'ont mal pris selon lui : "Certains m'en ont voulu de m'être exposé, parce que cela risquait de les exposer eux aussi." Quant aux insultes homophobes qui gangrènent les stades, il explique en revanche : "Ça me motivait. Je me souvient d'un Lorient-Bordeaux en 2010 ou 2011, où pendant 45 minutes on a eu droit a des 'Arbitres, enculés...' C'est un des matches les plus propres qu'on ait arbitrés."

"Je suis bien dans ma peau. Je me sens fort."

Depuis son coming out, l'ex-arbitre dit avoir toujours affaire à "quelques tocards" mais rencontrer "surtout des milliers de relais positifs sur les réseaux sociaux". Il se sent aujourd'hui "libéré d'un poids, de quelque chose qui me bloquait depuis 2013 et a disparu". Bilan des courses : "Sportivement, j’ai des regrets que ma carrière se soit arrêtée en 2013. Je pouvais prétendre à plein d’autres choses. Mais humainement, si je ne m’étais pas accepté, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui. Je suis bien dans ma peau. Je me sens fort." Un message dont il espère qu'au contraire de l'exemple Gueye, il puisse "aider tous ceux et celles qui vivent la même chose que moi, mais n’osent pas l’exprimer. Des gamins de 14, 15 ans, ont un courage incroyable de le faire. D’autres ne le font pas, ou sont exclus de leur famille pour ça."

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Crédit photo : Nicolas Pottier via Twitter