King Princess sort un clip à la fois passionné et ambivalent qui explore l'évolution sinueuse de l'amour vers l'amitié. "Too Bad / Cursed" vogue entre rupture, désespoir, amour et raison tandis que l'artiste lutte pour trouver une porte de sortie qui ne soit pas un point final à sa relation.
La Big Dyke energy qui émane du dernier clip de King Princess, sorti ce 9 juin et réunissant les sons "Too Bad" et "Cursed", est tout bonnement hallucinante. Qui en aurait douté ? Le thème en est pourtant loin d'être réjouissant, retraçant dans un premier lieu une rupture déchirante, à vif, puis la douloureuse tentative de rester amies malgré la séparation. Les lesbiennes qui comptent leurs ex parmi leurs amies proches se reconnaîtront à coup sûr.
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Avec sincérité, l'artiste nous plonge dans cette rupture vécue comme un drame. En lui retirant son amour, celle qu'elle considérait comme sa "famille" lui tourne le dos, l'abandonne à son sort de "canon perdu". Mais "Cursed" montre bien qu'une reconstruction est possible, sur un autre modèle, puisqu'elle semble faire preuve de recul et de lucidité sur la viabilité d'un couple qui ne pouvait plus que s'entredéchirer.
King Princess déchirée
Comme à son habitude, la chanteuse se joue des codes et des postures, oscille entre des poses enjôleuses sur le tapis d'un billard qui n'attendait qu'elle et une bataille de regards avec les client·es d'un bar dont elle a visiblement endossé le rôle de barmaid. Bandana vissé sur la tête, harnais de cuir sur marcel noir et chaîne en argent se balançant à mesure qu'elle sert shots et baisers langoureux aux clientes. Contrairement aux apparences, King Princess ne se lance pas de fleurs, bien au contraire, elle s'incrimine pour ce qui n'allait pas dans son couple.
"And I told you I'ma be too much / Oh, I get scary" (Et je t'ai dit que je serais trop / Oh, je deviens effrayante), admet-elle. King Princess apparaît comme un électron libre, noyant sa douleur pour ne plus la voir. Trop, et pourtant visiblement pas assez pour l'élue de son coeur : "Too bad that I'm never enough, oh" (Dommage que je ne sois jamais assez). L'amour, c'est difficile, et elle s'en veut de ne pas réussir à étouffer ce sentiment qu'elle porte désormais seule. Ce tiraillement, déjà présent dans "Too Bad", se retrouve également dans "Cursed" : "I love you so you cause me pain" (Je t'aime alors tu me fais souffrir). Cette danse à la fois sensuelle et tendre, marquée par la retenue dans la deuxième partie du clip, témoigne de cette flemme qui n'est pas encore tout à fait éteinte. D'ailleurs, seul le visage de King Princess est visible, son ex n'étant déjà plus vraiment présente, plus de la même manière.
Mais il y a bien un écart non négligeable entre les deux sons puisque la rupture n'est plus vue comme la fin d'une relation mais comme le moyen de la préserver sous une forme différente et pérenne. King Princess n'est plus cette boule d'émotions dans le déni. "Well, it had to end / But endings lead to better things" (Eh bien, il fallait que ça se termine / Mais les fins mènent à de meilleures choses), espère-t-elle. Le temps fait son oeuvre. Toutefois, l'artiste ne prétend pas détenir de solution miracle puisqu'une part d'elle-même ne peut se résoudre à se montrer raisonnable. "It's a curse to be your friend" (Être ton amie est une malédiction). La bataille entre le coeur et la raison fait rage, peut-être faudra-t-il attendre le prochain titre de King Princess pour connaître l'issue de ce combat intérieur !
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Crédit photo : Quinn Wilson, réalisatrice du clip