préventionPréservatifs gratuits pour les moins de 26 ans : la mesure tarde en pharmacie

Par Nicolas Scheffer le 05/01/2023
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Emmanuel Macron a annoncé avant Noël que les jeunes de moins de 26 ans pourraient se procurer des capotes gratuites en pharmacie à partir du 1er janvier 2023. Dans les officines que nous avons contactées en ce début d'année, on reconnaît qu'il faut encore attendre pour que la mesure soit réellement effective.

Début décembre dernier, à l'heure où les Français préparaient leur cadeaux de Noël, Emmanuel Macron faisait une promesse surprise. "En pharmacie, le préservatif sera gratuit pour les 18-25 ans. Cela va commencer dès le 1er janvier", assurait-il, avant d'étendre dès le lendemain la mesure aux mineurs. Jusqu'à présent, les capotes étaient remboursées pour tout le monde, mais seulement à hauteur de 60% et sur prescription médicale.

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On doit l'avouer, nous étions très pressés que cette mesure entre en application, car on sait qu'en matière de prévention, plus les moyens de protection sont nombreux et accessibles, plus l'épidémie de VIH/sida recule. En l'occurence, la mesure lève deux difficultés : la contrainte financière, puisque le reste à charge (1,04 euro) pesait encore sur les finances des jeunes, ainsi que la nécessité de présenter une ordonnance pour obtenir ces préservatifs, un frein à son déploiement. Et puis comme chez têtu·, on aime les choses gratuites, on a envoyé Maurine, la papesse des réseaux sociaux, se mettre dans la peau d'une hétéro pour demander à la pharmacie du coin le fameux bout de caoutchouc.

"Il faut être un peu patient, notre logiciel de facturation n'a pas été mis à jour."

C'est ainsi que nous sommes allés vérifier ce mercredi 4 janvier si la promesse présidentielle avait ruisselé jusqu'au terrain. "Au fait, pour les préservatifs gratuits promis par le gouvernement, comment ça se passe ?", interroge donc Maurine au comptoir, après avoir dilué la requête dans une demande de médicament contre les maux de gorge. Réponse du pharmacien : "Vous avez une ordonnance ?". Raté. Le lendemain, au téléphone, une pharmacie toulousaine : "Il faut être un peu patient, notre logiciel de facturation n'a pas été mis à jour et nous ne pouvons pas être remboursé". En Ariège, on nous répond qu'il y a un "couac sur la facturation", et qu'il faut là aussi attendre quelques jours. À Lons-le-Saulnier, dans le Jura, la pharmacie de la Marjorie indique bien vouloir distribuer les boîtes, mais sans être sûre de pouvoir se faire rembourser ensuite par la Sécurité sociale. Caramba !

Préservatifs gratuits, mode d'emploi

Face à ces informations contradictoires, voici comment cela devrait se passer. Toutes les capotes ne sont pas concernées. Inutile donc de caresser le rêve de Skyn ultrafins par Manix, seules deux marques sont concernées et remboursées, les "Eden" et "Sortez couverts !" – par boîte de 6 pour les tailles XL ou par boîte de 6 ou 12 pour la taille classique. Aussi, répétons-le : les moins de 26 ans n'ont plus besoin d'une prescription médicale.

Pour y avoir accès, il faut simplement présenter sa carte Vitale qui fait office de preuve d'âge. À défaut, les titulaires de l'Aide médicale d'État peuvent présenter leur carte AME ou bien, pour les ressortissants de l'Union européenne, leur carte d'assurance maladie. Mais la mesure est également valable pour les mineurs... qui sont souvent inscrits sur la carte Vitale de leurs parents. Eux n'auront qu'à faire une déclaration sur l'honneur pour justifier de leur âge. Quoi qu'il en soit, la délivrance est anonyme, à l'image de la pilule du lendemain.

"Encore une fois, cela ne concerne que deux marques. Donc si les pharmacies ne les ont pas en stock, elles ne pourront pas délivrer sans avance de frais", nous explique un pharmacien très au courant de la réforme. Une fois la boîte trouvée, vous n'avez pas à avancer de frais et le pharmacien peut rendre la facturation secrète afin qu'elle n'apparaisse pas sur les relevés d'assurance maladie. En attendant que la mesure soit effective, les jeunes – et tous les autres – peuvent quoi qu'il en soit trouver des capotes auprès des associations de lutte contre le sida. Sans oublier de faire régulièrement un test sérologique, recommandé tous les trois mois ou après 10 partenaires. Enfin, pour se protéger du VIH/sida, la PrEP fonctionne.

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