droits humainsMobilisation pour Idris, réfugié gay arrêté en Russie et livré à la Tchétchénie

Par têtu· le 23/02/2023
Idris Arsamikov, homme gay de 28 ans, est retenu en Tchétchénie

La communauté internationale s'inquiète du sort d'Idris Arsamikov, 28 ans, arrêté à Moscou le 15 février tandis qu'il partait assister aux obsèques de son père. La police de Vladimir Poutine l'aurait livré aux autorités de la Tchétchénie, État criminel ouvertement homophobe.

"La Tchétchénie est le pire endroit au monde où être ouvertement gay", rappelle SOS Crisis, ONG de défense des LGBTQI+. C'est d'ailleurs pourquoi Idris Arsamikov avait quitté en 2018 ce pays du bloc de la fédération de Russie, dirigé par Ramzan Kadyrov, criminel homophobe notoire, pour se réfugier aux Pays-Bas. À la mort de son père, le jeune homme de 28 ans a voulu retourner dans son pays natal pour lui dire adieu. Mais le 15 février, il s'est fait cueillir dès son arrivée à l'aéroport de Moscou par la police russe, et ses soutiens pensent qu'il a été livré aux autorités de Tchétchénie, rapporte le lendemain The Moscow Times.

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Le vendredi 17 février, deux étranges vidéos ont fait surface, publiées sur VK, l'équivalent de Facebook en Russie. Idris Arsamikov y apparaît chez sa famille, affirmant ne pas subir de persécution et qu'il est aujourd'hui un "vrai homme", qu'il envisage de se marier (avec une femme, donc) et même de "partir combattre en Ukraine pour l'intérêt de la Nation [russe]". Par ailleurs, il demande aux ONG des droits humains de le "laisser tranquille".

"Idris Arsamikov risque aujourd'hui la mort"

SOS Crisis, qui avait aidé Idris à fuir l'État homophobe pour se réfugier en Europe, ne croit évidemment pas à ce qui ressemble à une grotesque opération de propagande, typique de la Russie de Vladimir Poutine et de son fidèle Kadyrov : "Ces vidéos ont pu être recueillies sous la pression des forces de l'ordre. Nous supposons qu'Idris a été libéré à la condition que les vidéos soient enregistrées, afin de réduire la mobilisation pour le défendre".

Les Pays-Bas ne sont d'ailleurs pas dupes. "Je suis profondément inquiet du sort d'Idris Arsamikov, qui a été arrêté à l'aéroport de Domodedovo à Moscou et extradé vers le régime de Grozny. Les Pays-Bas appellent les autorités russes à garantir sa sécurité et à protéger ses droits fondamentaux", a réagi Wopke Hoekstra, ministre néerlandais des Affaires étrangères. Message relayé ce mardi par l'ambassadeur français en charge des droits LGBTQI+, Jean-Marc Berthon. Idris Arsamikov "risque aujourd'hui la mort", s'inquiète l'intergroupe LGBTI du Parlement européen.

Car si le jeune homme a fui la Tchétchénie en 2018, c'est parce qu'une purge anti-gay y avait démarré en 2017. Le journal indépendant Novaïa Gazeta, celui de feu Anna Politkovskaïa, avait rapporté des enlèvements, tortures et meurtres d'homosexuels en masse. Le gouvernement tchétchène avait osé répondre qu'il n'y a pas d'homosexuels dans le pays de Kadyrov et que, si tel était le cas, ils seraient rejetés y compris par leur famille. De quoi se préoccuper sérieusement du sort d'Idris Arsamikov, et appeler à une mobilisation internationale en sa faveur.

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Crédit photo : capture d'écran Telegram SK SOS