Malgré l'attitude droit dans ses bottes affichée par Emmanuel Macron, les opposants à la réforme des retraites comptent poursuivre la mobilisation. Pour permettre aux plus précaires de la communauté d'y participer, une caisse de grève queer a été mise en place.
Près de 50.000 euros récoltés auprès de 815 contributeurs. Le Pink Bloc, qui rassemble notamment des collectifs et militants LGBTQI+ dans la mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement, a lancé au mois de mars une caisse de grève queer. Un moyen de "soutenir dans la durée les personnes qui n'ont pas accès à d'autres aides dans leurs secteurs d'activité, ou qui sont dans des situation très précaires", souligne Sophie (prénom d'emprunt), l'une des militantes qui participe à la gestion de la cagnotte. En particulier, développe-t-elle, "l'idée est de pouvoir aider les personnes qui font grève et qui sont davantage lésées, soit parce qu'elles ont des contrats précaires, soit parce qu'elles sont non déclarées, comme les travailleur·euses du sexe".
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Afin de bénéficier de cette aide, les grévistes peuvent contacter la caisse de grève par mail en expliquant leur situation et la perte de revenus estimée. "On étudie les situations au cas par cas pour pouvoir aider au mieux, explique la militante. On peut par exemple diriger quelqu'un vers d'autres caisses de grèves s'il en existe dans son secteur." Pour l'heure, le Pink Bloc annonce que 32.000 euros ont été redistribués auprès de 125 grévistes.
Une Pink Bloc Party pour financer la caisse
Pour alimenter cette cagnotte solidaire, Queers en grève communique sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram où le collectif a partagé le lien de la cagnotte en ligne. Il est également possible de participer via des caisses physiques, disponibles en manifestation dans le cortège du Pink Bloc, ou dans plusieurs bars comme le Bonjour Madame, La Flèche d'Or ou La Mutinerie.
Des événements sont également organisés en soutien. Ainsi, de 12h à 22h ce dimanche 23 avril, Le Sample, à Bagnolet, accueillera la Pink Bloc Party. "On s'est demandé comment on pouvait aider. Et ce qu'on fait de mieux, c'est organiser des événements donc on n'a pas hésité longtemps", s'amuse Xavier Paufichet, alias IXPÉ (qui écrit dans le magazine têtu· la rubrique musicale "Dancing Queer"). Le DJ a ainsi monté avec une flopée d'artistes bénévoles cette "fête musicale et graphique". "Le prix d'entrée est libre et servira à lever des fonds pour la caisse de grève", précise évidemment l'organisateur. La large amplitude horaire n'est pas laissée au hasard puisqu'elle vise à "permettre aux personnes qui le souhaitent d'aller aussi à la marche des Fiertés lesbiennes qui se tient le même jour."
Malgré la promulgation par Emmanuel Macron de la loi sur les retraites, "on va continuer à se mobiliser, à mobiliser les gens", assure Sophie, tout en reconnaissant que "depuis la validation de la réforme par le Conseil constitutionnel, on entre dans une nouvelle phase". Et d'insister : "Il ne faut pas hésiter à nous solliciter, On voit beaucoup d'auto-censure, des gens qui n'osent pas demander en se disant qu'il y a plus précaires". En cas d'excédent, le collectif prévoit de le reverser à d'autres caisses de secteurs qui entreraient en grève reconductible.
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Crédit photo : Julie Baret