L'Inter-LGBT, qui organise chaque mois de juin la Pride de Paris-Île-de-France, a voté la suppression des chars pour l'édition 2023 de la Marche des fiertés, invoquant notamment des raisons d'"éco-responsabilité" et d"horizontalité partagée" de la lutte lesbienne, gay, bi et trans.
Demandez à n'importe qui d'associer "Gay Pride" à un mot ou une image, et les chars ne seront jamais bien loin. Disparus en 2021 de la Marche des fiertés de Paris-Île-de-France pour cause de covid, les camions décorés et crachant leur sono avaient repris leur place dans le cortège en 2022, peut-être pour la dernière année. Pour l'édition 2023, programmée au samedi 24 juin, l'Interassociative lesbienne, gay, bi et trans (Inter-LGBT), qui l'organise, a voté et annoncé "une marche sans chars".
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"L’Inter-LGBT poursuit cette année la transformation de la Marche des Fiertés", est-il ainsi écrit dans un post Facebook publié ce 16 avril. Première raison invoquée : une "démarche toujours plus éco-responsable". "Une association, comme toute organisation, doit faire attention à l'impact sur l'environnement de ses actions, développe auprès de têtu· la direction de l'Inter. Nous devons intégrer de l'éco-responsabilité dans notre militantisme."
Pas de chars allemands pour la Pride
De fait, en 2019, été caniculaire à Paris, la Marche s'était tenue lors d'un pic de pollution, nécessitant une dérogation pour faire circuler ses chars. Mais n'y avait-il pas une possibilité de conserver la tradition des chars en trouvant aux poids-lourds une alternative écolo ? L'année dernière, des efforts avaient été faits pour demander aux participants d'utiliser, au-delà d'une certaine taille, des chars électriques, mais "il y a très peu d'offres, voire pas du tout en France", fait valoir l'asso : un tel véhicule avait dû être dépêché d'Allemagne, "ce qui est discutable du point de vue écologique".
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Deuxième raison invoquée par l'interassociative : "Cela nous impose de mobiliser de nombreux bénévoles et complexifie le parcours"."On a plein de difficultés sur le respect des règles de sécurité, comme les hauteurs, les dimensions des chars", développe l'organisation, rappelant le cas de la Pride de Bordeaux où, l'année dernière, la plateforme d'un char s'est effondrée, faisant six blessés dont trois graves.
Écologie et "horizontalité partagée"
Mais le souci de l'environnement et de la sécurité ne sont pas les seules raisons invoquées par l'Inter-LGBT, qui en avance une troisième : "Pour réaffirmer une marche à l’image de nos fiertés". À l'heure où le lobby réac se fait de plus en plus menaçant, et "face aux LGBTQIA+phobies toujours plus importantes", l'organisation explique que "nos revendications se doivent d’être encore plus visibles et entendues", estimant qu'aller à pied permettra d'être mieux entendu·es, "en nous retrouvant tou·te.s au même niveau et dans cette horizontalité partagée".
"Il existe des moyens alternatifs pour avoir de la musique sans chars motorisés."
L'Inter-LGBT
Quid de la tradition de la Pride qui mêle lutte et fête ? "Évidemment, la Marche est un moment où l'on exalte nos fiertés, c'est un moment festif mais avant tout revendicatif", reprend l'un des responsables de la fédération associative auprès de têtu·, pointant "une forme d'invisibilisation" des associations qui "n'ont pas les moyens de payer ces dispositifs". Selon lui néanmoins, il y aura toujours de la musique à la Pride : "Il existe des moyens alternatifs pour avoir de la musique sans chars motorisés, la journée sera bien en musique avec quelques petits véhicules sonorisés". Et d'appuyer : "Ce ne sont pas les chars qui font la visibilité de la manifestation. C'est la foule qui se déplace pour ce jour-là".
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Crédit photo : Benoit Durand / Hans Lucas via AFP