[Retrouvez dans le têtu· de l'automne un reportage à l'entraînement avec Les Gaillards] Ce vendredi 8 septembre démarre la Coupe du monde 2023 de rugby, organisée par la France. Et avant le match d'ouverture opposant les Bleus aux All Blacks de Nouvelle-Zélande, c'est un joueur gay qui officiera comme "Carrier Ball". Cyril Leroy est le fondateur des Gaillards, club LGBT-friendly à Paris.
Tout un symbole contre l'homophobie dans le sport. La Coupe du monde de rugby 2023 s'ouvre ce vendredi 8 septembre par un match France-Nouvelle-Zélande et c'est un joueur gay, Cyril Leroy, fondateur du club parisien LGBTQI+ Les Gaillards, qui apportera à l'arbitre le ballon ovale sur la pelouse du Stade de France à Saint-Denis. "Un remerciement pour mon engagement en faveur de l'inclusion des joueurs LGBTQI+ dans le rugby", se félicite-t-il auprès de têtu·.
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"Je vous le confirme, Cyril Leroy est invité par Defender [une des games de Land Rover, sponsor du Mondial] pour être le porteur de ballon du match. Il sera entre les deux capitaines au moment des hymnes. C'est un privilège exceptionnel. Puis il va apporter le ballon et le remettre en mains propres à l'arbitre qui pourra lancer le match", confirme à têtu· le service communication du constructeur automobile.
Le rugby pour tous
"C'est un honneur pour moi de porter ce ballon, un moment très important dans le match. Quand j'ai commencé à m'intéresser au rugby, je pensais qu'en tant qu'homo, je ne parviendrais pas à me faire une place, que ce sport n'était pas fait pour moi. Avec quelques copains, j'ai décidé en 2003 de créer le club Les Gaillards", développe l'ancien pompier de Paris. Ce club entend promouvoir le rugby sans distinction d'âge, de niveau ou de genre. "C'est la force du rugby où, pour gagner, il faut mettre à profit tous les types de morphologies, de l'ailier élancé au pilier costaud", appuie-t-il.
Ainsi, Les Gaillards ont pu convaincre d'autres clubs que les joueurs LGBTQI+ sont tout aussi bons – sinon meilleurs ! – que les autres. "Je me souviens avoir joué contre l'équipe d'une paroisse catholique, a priori pas très friendly. Le match a été très fair-play, on leur a mis la pâtée. À la fin, nous avons fait la troisième mi-temps autour d'une bière et on leur a parlé de nos vies, de nos vécus. Le rugby, ça convertit des gens !", se souvient encore le joueur amateur âgé de 49 ans.
"Rugby is my pride"
Vingt ans après la création du club, les Gaillards sont dans une forme olympique. Avec quelque 90 licenciés, homos et hétéros y forment deux équipes masculines et une équipe féminine. Fin avril dernier, une soixantaine de joueurs se sont rendus à Birmingham, en Angleterre, et ont remporté la Mercian Cup, leur premier titre européen.
"Contrairement au foot, on a la chance d'avoir quelques joueurs out et des alliés qui se font entendre pour défendre notre place", fait valoir Cyril Leroy, citant le Français Jérémy Clamy-Edroux, le joueur australien Michael Howell, le Gallois Gareth Thomas ou l'allié Ben Cohen. En 2020, la Ligue nationale de rugby a lancé le programme "Plaquons l'homophobie", organisant, avec têtu·, une trentaine d'ateliers de sensibilisation. Au cours du Mondial 2023, entre le 8 septembre et le 28 octobre, les instances du rugby organisent "Rugby is my pride", un événement de lutte contre les discriminations LGBTphobes, avec pour point d'orgue un tournois organisé par Les Coqs festifs, autre club inclusif de la capitale.
Aujourd'hui, Cyril Leroy vit à Londres et joue avec une nouvelle équipe LGBTQI+, mais reste adhérent des Gaillards. Et il se donne un nouvel objectif : "Montrer qu'à 50 ans on peut encore faire du rugby". Un nouvel essai à marquer !
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