Depuis le 29 mai, la peine de mort s’applique pour les homosexuels en Ouganda (Afrique de l'Est). L'avocate Justine Balya, 32 ans, qui défend le premier jeune homme mis en examen puis inculpé pour faits "d’homosexualité aggravée", a lancé une pétition pour annuler la signature de la loi par le président Yoweri Museveni.
Yoweri Museveni avait refusé de signer la première proposition de loi sur la peine de mort, qu’est-ce qui a provoqué la signature de la deuxième selon vous ?
Justine Balya : Malheureusement nous nous attendions à une telle décision, où du moins nous la craignions. Le Parlement ougandais en parlait depuis 2014, lorsque la loi anti-homosexualité a vu le jour. En 2019 cela semblait sur le point d’être signé mais le chef de l’État n’avait pas l’air convaincu. Et l’année dernière, c'est sorti de nulle part, des hommes ont commencé à parler aux médias, expliquant qu’ils étaient des anciens gays "repentis". Ces personnes ont dépeint la communauté LGBTQI+ comme une union de "violeurs" et de "pédocriminels". Des rumeurs fusaient dans tous les sens. C’était un coup politique : prendre de l’élan pour mieux sauter. Ils cherchaient à créer de la haine. À ce moment-là, avec des membres de l’ONG dont je fais partie (Human rights awareness and promotion forum), nous nous sommes rendus aux audiences publiques. Nous les avons suppliés de faire de nouvelles législations sur la protection de l’enfant plutôt que de durcir la loi de 2014. Mais ils n'avaient de cesse de répéter : "Nous devons protéger nos enfants, ils sont le futur de l’Ouganda". Comme si les LGBTQI+ étaient des pédocriminels. La panique de masse était lancée. Et la loi est passée. ...