mondeHomophobie : l'Ouganda vote la peine de mort pour les gays

Par Quentin Martinez le 23/03/2023
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À une très large majorité, le Parlement de l'Ouganda a adopté une loi renforçant la criminalisation de l'homosexualité, désormais passible de la peine de mort ou de la prison à vie.

Deux voix d'opposition seulement. Sur les 389 députés du Parlement ougandais, 387 ont voté en faveur d'une criminalisation plus sévère de l'homosexualité ce mardi 21 mars. Si l'homosexualité était déjà illégale dans le pays, les personnes LGBTQI+ pourraient désormais encourir des peines de prison à vie, voire la peine de mort.

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“Le oui l’emporte“, a annoncé la présidente du Parlement de l'Ouganda, Annet Anita Among, après le vote final du projet de loi "adopté en un temps record". C'est un front quasi unanime et uni autour de valeurs homophobes qui a largement porté ce texte. Si le projet initial prévoyait des peines maximales de dix ans d'emprisonnement, les députés ont porté à 14 ans la sanction pour homosexualité "simple". Ils ont ajouté une sanction allant jusqu'à la peine de mort en cas de relation homosexuelle avec un mineur, ou si "l'accusé" est séropositif. La loi prévoit également jusqu'à six mois de prison pour qui ne dénoncerait pas un homosexuel, par exemple la famille et les amis, qui s'exposent donc à la justice. Organiser un mariage de couple de même sexe peut conduire jusqu'à 10 ans d'incarcération, rapporte RFI.

Une loi homophobe déjà annulée en 2014

"Si elle est promulguée par le président, [cette loi] pourrait donner carte blanche à la violation systématique de presque tous les droits humains", a affirmé le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk. De son côté, Amnesty International exhorte le chef de l'État, Yoweri Museveni, à la tête de l'Ouganda depuis trente-sept ans, à "mettre urgemment un veto à cette loi consternante" qui "institutionnaliserait la discrimination, la haine et les préjugés" contre la communauté LGBTQ+, alors que le texte lui sera soumis prochainement pour promulgation.

Et Yoweri Museveni compte bien le mettre en application. "Les homosexuels sont une déviation de la norme. Nous avons besoin d'un avis médical là-dessus", déclarait-il le 16 mars dernier dans un discours à la nation. Cette homophobie d'État relève aussi de tensions géopolitiques, comme le souligne Le Monde. Selon le président ougandais, l'homosexualité serait importée des pays occidentaux "tentant d'imposer leurs pratiques aux autres." Pour mémoire, c'est le Code colonial qui a conçu les premières lois interdisant l'homosexualité, exportant surtout son homophobie. "Cette chambre n’hésitera pas à restreindre quelque droit que ce soit dans la mesure où elle reconnaît, protège et sauvegarde la souveraineté de ce pays et sa morale", a juré la présidente du Parlement.

La police a d'ores et déjà annoncé une douzaine d'arrestations d'hommes pour "pratique de l'homosexualité", mi-mars. Les députés avaient déjà débattu, en 2014, d'une peine de prison à vie pour homosexualité. Mais ce projet de loi avait été déclaré irrecevable par la Cour constitutionnelle. Ce projet, allant jusqu'à la peine de mort pour "les cas les plus graves", avait été reactualisé en 2019, avant que le gouvernement ne fasse machine arrière sous la pression internationale.

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