justiceHaine anti-drag : quatre mois de prison pour un militant d'extrême droite

Par têtu· avec AFP le 09/10/2023
À Nantes, le centre LGBTQI Nosig et le collectif Divines and the Queen durant un atelier de lecture de contes pour enfants.

Un militant d'un groupuscule d'ultra-droite en Bretagne a été condamné ce lundi 9 octobre par le tribunal de Rennes à quatre mois de prison pour avoir, lors d'une manifestation non déclarée contre un atelier de lecture de contes pour enfants animé par des drag queens, scandé des slogans homophobes et transphobes.

"Moins de trans, plus de France", "LGBT dégénérés", "Non aux drag queens dans l'espace public"... Autant de slogans scandés au printemps contre une lecture de contes pour enfants par des drag queens en Bretagne, qui valent à leur auteur quatre mois de prison. Ce lundi 9 octobre, le tribunal judiciaire de Rennes a reconnu un militant de "L'Oriflamme Rennes", groupuscule ultra-nationaliste, coupable de manifestation non déclarée et de provocation à la haine en raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre. Il devra également verser 500 euros d'amende ainsi que 800 euros à chacune des trois parties civiles.

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Habillé de noir, le visage masqué, muni de fumigènes et d'une banderole, Paul Carton avait manifesté le 13 mai avec une vingtaine de membres de son groupuscule devant la médiathèque de Saint-Senoux, en Ille-et-Vilaine. La mairie y organisait une lecture de contes pour enfants de trois à six ans par des drag queens habillées en robot, princesse et en escargot.

Ancien de l'Action Française

Devant le tribunal, mi-septembre, l'ancien étudiant en sciences politiques avait reconnu avoir scandé les slogans au mégaphone. À l'entendre, la mairie était coupable de faire des enfants "une chair malléable pour ses délires décadents (sic)". Quelques jours avant l'atelier, c'est un tract du Rassemblement national (RN) qui était distribué dans les boîtes aux lettres pour dénoncer un "un endoctrinement de [nos] enfants". "Tout ce dont tout le monde parle et ce que répand l’extrême droite, ce n’est pas le sujet. La lecture de deux livres très simples de cinq pages par les artistes, s’inscrivait dans une action de parentalité", avait répondu la maire de Saint-Senoux, Antinéa Leclerc, dans les pages de Ouest France.

Ancien leader de l'Action française à Rennes, le garçon de 24 ans a également admis avoir créé "l'Oriflamme Rennes" en janvier dernier. Sur X (Twitter), le groupuscule revendique "rassembler tous ceux qui ont à cœur de sauver notre nation et notre civilisation". En déroulant leur fil, on tombe rapidement, par exemple, sur des commentaires légitimant les chants homophobes dans des stades de foot. Le jeune homme n'est pas un inconnu de la justice : il avait déjà été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir brisé la vitrine de la permanence d'un député Renaissance au Mans.

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Crédit photo : illustration, Estelle Ruiz / Hans Lucas via AFP