justiceManif LGBTphobe d'extrême droite contre une lecture drag : 6 mois de prison requis

Par têtu· avec AFP le 12/09/2023
À Nantes, le centre LGBTQI Nosig et le collectif Divines and the Queen durant un atelier de lecture de contes pour enfants.

Un militant de l'ultradroite qui avait scandé en mai des slogans ouvertement anti-LGBT lors d'une manifestation, non déclarée, contre une lecture pour enfants animée par des drag queens en Bretagne, a comparu ce lundi devant le tribunal de Rennes.

"Moins de trans, plus de France", "LGBT dégénérés", "Non aux drag queens dans les espaces publics"… Le 13 mai dernier, une vingtaine de membres du groupuscule ultra-nationaliste "L'Oriflamme Rennes", habillés en noir et le visage masqué, avaient manifesté avec banderole et fumigène devant la médiathèque de Saint-Senoux, en Ille-et-Vilaine, où la mairie organisait une lecture destinée à des enfants de trois à six ans par trois artistes drag – habillées respectivement en robot, princesse et escargot. Ce lundi 11 septembre, un militant de l'ultradroite comparaissait pour ces faits devant le tribunal de Rennes, qui a requis six mois de prison ferme à son encontre.

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Paul Carton, ex-étudiant en sciences politiques âgé de 24 ans, a fini par reconnaître devant le tribunal qu'il était bien le porteur du mégaphone scandant ce jour-là des slogans LGBTphobes, ce qu'il niait auparavant. Il accusait également la mairie de faire des enfants "une chair malléable pour ses délires décadents"… Le jeune homme, ex-leader à Rennes de l'Action française, mouvement d'extrême droite, a admis aussi être celui qui, sous un pseudonyme, était à la manoeuvre lors de la création en janvier 2023 de L'Oriflamme Rennes. Il affirme toutefois s'être "mis en retrait" du groupuscule peu après.

"Je ne regrette pas ce que j'ai fait"

Poursuivi pour organisation d'une manifestation non déclarée, dissimulation du visage pendant celle-ci, provocation à la haine en raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre et injure publique, il n'a pas eu un mot d'excuse durant l'audience, au contraire. "Je ne regrette pas ce que j'ai fait parce que je pense que l'important, c'est de défendre notre pays", a-t-il déclaré.

Le ministère public a estimé que le jeune homme, déjà condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir brisé la vitrine de la permanence d'un député LREM au Mans, "n'est pas admissible au sursis simple" cette fois. Le parquet a donc demandé une peine de six mois d'emprisonnement ferme, avec interdiction de port d'arme et de manifester pendant trois ans et 1.500 euros d'amende pour injure publique. Le délibéré sera rendu le 9 octobre.

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Crédit : photo d'illustration, Estelle Ruiz/Hans Lucas via AFP.