[Reportage à lire dans le têtu· du printemps actuellement chez vos marchands de journaux] Imitant l’extrême droite américaine, les réacs français ont trouvé leur nouvelle obsession : la lecture de contes par des drag queens, en activité périscolaire dans des médiathèques municipales où les parents accompagnent leurs bambins. Bah oui, c’est bien connu, il n’y a rien de plus dangereux pour les enfants que des princesses, du maquillage, des déguisements et des histoires !
Photographie Jean-François Monier/AFP pour têtu·
En janvier, dans la bibliothèque municipale de Lamballe-Armor, en Bretagne, plus de 70 enfants (et beaucoup de leurs parents) ont écouté, presque sagement, trois drag queens et un drag king leur lire La Pire des princesses, d’Anna Kemp. “Ces séances sont géniales, s’enthousiasme Aurélie, 38 ans, venue avec sa fille de 8 ans, Zoé. Les drag queens sont incroyables, elles font voyager. Les enfants adorent se mettre dans la peau de personnages. D’ailleurs, dès qu’ils ont un moment de libre, ils se déguisent eux aussi !”
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Ces lectures, appelées “drag story hour” (“l’heure des contes drags”), sont apparues à San Francisco en 2015, sous l’impulsion de l’autrice et militante féministe queer américaine Michelle Tea. Jugeant les événements pour enfants de sa librairie de quartier trop hétéronormés pour son fils, elle proposa à des drag queens de venir lire des contes. En plus de promouvoir la lecture et de stimuler l’imagination, ces activités entraient en résonance avec le vécu des familles queers comme la sienne. Des ateliers de maquillage ou d’autres activités manuelles venaient alors parfois compléter les séances....