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buzzLa Pride de Paris annulée par les JO 2024 ? Un emballement sans fondement

Par Nicolas Scheffer le 07/11/2023
Pride de Paris 2023

Un tweet a annoncé ce lundi l'annulation de la marche des Fiertés de Paris en 2024 pour cause de Jeux olympiques, provoquant un émoi légitime. En réalité, la Pride n'est pas menacée. Explications.

C'est un tweet qui a mis le feu aux poudres. "Ce soir à la réunion Pride House avec les assoces LGBT, a été annoncé l’annulation de la Marche des fiertés 2024 de Paris prévue en juin en raison des Jeux olympiques. Une nouvelle date est envisagée courant septembre", affirme ce lundi soir le compte X (ex-Twitter) des Coqs festifs, club de rugby gay-friendly de Paris, avant que le post soit supprimé dans la matinée ce mardi 7 novembre. "Le tweet manquait de contexte", reconnaît auprès de têtu· le président du club, Alban Vandekerkove, qui regrette l'ampleur de la réaction provoquée par le message, quelque peu précipité. En effet, si le ministère de l'Intérieur a bien demandé le report de certaines manifestations politiques en raison des Jeux olympiques de Paris 2024, la traditionnelle marche des Fiertés LGBTQI+ de la capitale n'est pas menacée, selon nos informations.

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Alors, que s'est-il passé lundi soir ? "Ce lundi à l'Hôtel de ville de Paris, nous avons organisé une présentation aux associations de la Pride House, un village des Fiertés organisé pendant les JO pour donner de la visibilité à notre mouvement devant le monde entier", nous explique Jérémy Goupille, co-président de cet "espace dédié à la promotion de la diversité et de l'inclusion" pendant les JO. Au cours de la soirée, quelqu'un lève la main pour demander si la Pride disposera l'an prochain de chars, contrairement à la décision qui avait été prise l'été dernier par l'Inter-LGBT, association organisatrice. "Une personne que je ne connais pas a alors répondu que cette année, la Pride serait décalée à septembre. On n'était pas au courant et nous n'avons pas eu plus d'indications", poursuit Jérémy Goupille.

L'Inter-LGBT dément

Contactée par têtu·, l'Inter-LGBT dément formellement qu'une telle décision ait été prise. "C'est une polémique qui n'a pas lieu d'être. Nous sommes neuf mois avant la Pride et nous n'avons même pas encore déposé de dossier en préfecture. Pour l'heure, on tente déjà de comprendre quand porte l'interdiction de manifester et qui elle vise en réalité", développe Élisa Koubi, co-présidente de l'interassociative.

Traditionnellement, la Pride parisienne a lieu le dernier samedi du mois des Fiertés, soit le 29 juin pour 2024. En prévision des Jeux olympiques, le ministère de l'Intérieur a émis une circulaire encadrant les "festivals et des manifestations festives et sportives" l'été prochain. Le texte prévoit que "du 18 juillet au 11 août 2024", puis "du 24 août au 8 septembre" (pour les Jeux paralympiques), "aucun événement culturel, festif et/ou sportif d'ampleur, nécessitant l'engagement d'Unités de forces mobiles (UFM), ne pourra avoir lieu". Ces dates ne correspondent donc pas à la date de la Pride, qui est par ailleurs une manifestation politique.

La Pride 2024 aura bien lieu

"C'est du délire de croire que nous souhaitons annuler la marche des Fiertés", précise tout de go le ministère de l'Intérieur, également joint par têtu·. "Il a été demandé à des manifestations revendicatives annuelles, programmées pendant les Jeux, d'être décalées dans le temps mais il n'est absolument pas question d'interdiction. Cela concerne les manifestations qui sont concomitantes avec les Jeux, ce qui n'est a priori pas le cas de la Pride", souligne l'entourage de Gérald Darmanin. D'autant que la mairie de Paris est aussi très claire avec nous : "Nous avons fermement demandé à la préfecture de sanctuariser le dernier samedi de juin pour que la Pride ait lieu ce jour-là", assure-t-elle.

La question de déplacer la Pride avait déjà été soulevée en 2017. Cette année-là, déjà, le cœur de Paris est investi le week-end des 23 et 24 juin… par une Journée olympique célébrant les futurs JO 2024. "On a essayé de nous faire décaler la date en prétextant que la mairie de Paris doit gérer deux événements en même temps… Mais pour nous, c'était inconcevable, car nous sommes dans une année anniversaire [à l'époque, les 40 ans de la Marche] et qu'il est important de faire référence au mouvement new-yorkais des émeutes de Stonewall, le 28 juin 1969. Cela n'a plus de sens de le faire en juillet !", pointait à l'époque l'Inter-LGBT. En 2020, la Pride de juin avait dû être annulée, en raison de la pandémie de Covid-19. Mais elle avait alors été reportée, au 7 novembre, et ni la grisaille de l'automne, ni la morosité de cette année-là, n'avaient empêché l'expression de nos fiertés !

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Crédit photo : JULIEN DE ROSA / AFP