Le traitement préventif contre le VIH/sida montre ses effets chez les hommes gays et bi : les contaminations ont reculé d'un tiers en dix ans. Mais pour éradiquer le virus, il faut désormais que la PrEP soit étendue aux autres populations les plus exposées.
Sur le front du VIH, une nouvelle bataille est en train d'être remportée, mais la guerre est loin d'être gagnée. Ces dix dernières années, les hommes nés en France qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) sont de moins en moins nombreux à être contaminés par le virus responsable du sida. Au total, le nombre annuel de découvertes de séropositivité a baissé dans cette catégorie de près d'un tiers (-32%) depuis 2012, selon les données de Santé publique France (SPF) publiées à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida, le 1er décembre. Un bon résultat conforté par une augmentation des dépistages, qui ont retrouvé leur niveau d'avant covid. En revanche, l'épidémie ne recule pas chez les femmes hétérosexuelles ni chez les personnes étrangères, populations dans lesquelles la PrEP, le traitement préventif contre le VIH, n'est pas encore implantée.
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Au total, à partir d'extrapolations statistiques, SPF estime entre 4.233 et 5.738 le nombre de découvertes du VIH en France en 2022. Une tendance positive : "Le nombre de découvertes en 2022 est significativement inférieur à celui de 2019", relève l’agence nationale de santé publique. Mais si le nombre de nouveaux diagnostics baisse significativement chez les hommes gays et bi nés en France, il continue d'augmenter sensiblement chez ceux qui sont nés à l'étranger (+96% de découvertes du VIH entre 2012 et 2022). Ainsi, plus de la moitié des découvertes de VIH l'an dernier concernait des personnes nées à l'étranger (56%).
"Ces nouveaux diagnostics peuvent s'expliquer par une meilleure activité de dépistage", a nuancé le professeur Jean-Michel Molina, de l'hôpital Saint-Louis à Paris, lors des états généraux d'Élus locaux contre le sida ce mercredi 29 novembre. Un effet de rattrapage déjà constaté dans la population HSH après la crise du Covid-19. Depuis janvier 2022, la démarche a été facilitée : il est désormais possible de réaliser un test VIH dans n'importe quel laboratoire sans ordonnance et sans avance de frais. Cette mesure concerne tout le monde, y compris les personnes étrangères bénéficiaires de l'Aide médicale d'État (AME).
PrEP en hausse
Malgré l'accès simplifié, les dépistages restent trop souvent réalisés trop tard, avec un délai moyen de trois ans entre l'infection et son diagnostic. Résultat, 43% des dépistages positifs le sont à un stade avancé de l'infection (CD4 < 350/mm3) et même 28% à un stade sida (CD4 < 200/mm3). Or, ce temps pendant lequel le virus n'est pas maîtrisé est propice à de nouvelles contaminations. "On ne peut pas dire que l'épidémie de VIH soit sous contrôle en France", souligne donc Jean-Michel Molina.
Pourtant, les outils sont là. La prophylaxie pré-exposition (PrEP) en est un particulièrement efficace dans la lutte contre le VIH. Au total, 52.800 personnes utilisent ce cachet en continu ou à la demande qui permet de se prémunir du VIH même lors d'un rapport sexuel sans préservatif. Chaque semestre, le nombre d'utilisateurs augmente de 20% à 30%. Résultat : les courbes avec les nouvelles contaminations sont inversées. Rappelons que la primo-prescription de la PrEP n'est plus réservée aux médecins spécialisés.
"Désormais, nous bénéficions de génériques dont le coût est modique pour l'Assurance maladie, il est nécessaire d'élargir les publics visés, a encore rappelé le professeur Molina. Si nous avons réussi à faire connaître la PrEP chez les gays et les bi, nous n'arrivons pas à ce que ce soit un réflexe chez les femmes et les personnes étrangères vivant en France." C'est la bataille suivante, qui nécessite une AME prenant en charge la prévention du VIH.
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Crédit photo : Sidaction / Stanislas Leroux