Deux militaires âgés de 19 et 21 ans ont été condamnés à deux ans de prison, dont un ferme, pour l'agression d'une "rare violence" d'un homme gay samedi dans le centre de Strasbourg.
"Une agression d'une rare violence." C'est par ces mots que le représentant du parquet de Strasbourg, Eric Haeffele, a qualifié l'agression homophobe d'un homme gay de 28 ans par deux militaires âgés de 19 et 21 ans, condamnés ce lundi 29 avril en comparution immédiate à deux ans de prison, dont un an ferme mais sans mandat de dépôt. La victime s'est vu prescrire une ITT (incapacité totale de travail) de dix jours en raison de ses blessures, souffrant notamment d'un traumatisme crânien, d'un tympan percé et de dents déchaussées. Les deux agresseurs encouraient 10 ans de prison.
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Les faits se sont produits le samedi 27 avril dans le centre de Strasbourg. Alexis, et Temoana, deux militaires respectivement âgés de 19 et 21 ans, fraîchement engagés au 152e régiment d'infanterie de Colmar, sortent alcoolisés d'une soirée aux alentours de 4h du matin. Deux hommes maghrébins viennent alors leur demander des cigarettes. Les quatre individus commencent à s'embrouiller, et la situation dégénère en bagarre. Sentant le danger, la victime, un autre homme maghrébin de 28 ans totalement étranger à cette rixe, s'éloigne de la station de tram où se déroule l'altercation. Mais dans une ruelle, il se se retrouve face aux deux militaires.
"Une homophobie assumée"
Aussitôt, le plus âgé des deux hommes lui assène un coup de pied dans le ventre. "Fils de pute ! C’est moi qui contrôle ! Je suis caporal !", lui hurle-t-il, selon nos confrères des Dernières Nouvelles d'Alsace. Ils continuent ensuite de lui porter des coups de pied au corps et à la tête. La violence prend encore une autre dimension lorsque les deux agresseurs présument que la victime est homosexuelle : les coups s'accompagnent alors d'insultes homophobes. Un témoin appelle le 17 et explique que l'un des agresseurs est parti avec la sacoche de la victime, qui contenait de l'argent et deux téléphones portables. Peu après, la police interpelle les deux soldats.
À l'audience, les deux jeunes militaires ont reconnu les faits et présenté des excuses à la victime. Le représentant du parquet a souligné "une homophobie assumée" et "décomplexée" motrice de l'agression. Lors de son audition en garde à vue, Temoana avait reconnu : "Je n’ai jamais aimé les homosexuels. Quand j’ai su ça, ça m’a énervé encore plus." À la barre, il a invoqué sa culture polynésienne : "On m’a dit que les Arabes n’étaient pas des gens bien, encore plus les homosexuels." Alexis a quant à lui déclaré avoir agi selon "le code d'honneur du soldat", invoquant aussi l'éducation raciste et homophobe reçue de son père, tout en assurant ne pas vouloir "lui ressembler".
L'avocate de la victime, Me Clarisse de Bailliencourt, a dénoncé "une agression sauvage" et "barbare" dont le "caractère odieux" est "amplifié par la profession des prévenus". Le tribunal a également prononcé à leur encontre une obligation "de soigner au plus vite" leur "impulsivité". Les deux agresseurs n'ont pas le droit de paraître à Strasbourg pendant trois ans, et il leur est interdit de détenir une arme pendant cinq ans.
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