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LGBTphobie[Exclu] Agression homophobe dans un bar à Paris : Amos témoigne

Par Nicolas Scheffer le 27/03/2024
L'agression du jeune Amos s'est déroulé dans un bar à Paris, le Bon Tivoli.

Deux semaines après avoir été agressé dans un bar du 10e arrondissement de Paris, Amos, 19 ans, raconte à têtu· ce qu'il s'est passé. Un rassemblement de soutien est prévu ce jeudi 28 mars à partir de 18h30 place de la République.

"Je ne pensais pas vivre ça à Paris", souffle au téléphone Amos, 19 ans. Le vendredi 15 mars, ce Congolais arrivé en France en 2023 a été victime d'une agression homophobe dans un bar du 10e arrondissement de Paris. Une plainte, que têtu· a pu consulter, a été déposée le lundi suivant mais, selon nos informations, la police n'a encore procédé à aucune interpellation. Plusieurs associations, parmi lesquelles SOS homophobie, le Centre LGBTQI+ de Paris, la Fédération LGBTI+ ou Stop homophobie, appellent à un rassemblement de soutien à la victime ce jeudi 28 mars, à partir de 18h30 place de la République. Pour la première fois, Amos, raconte cette soirée.

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Résident à Amiens, dans la Somme, où il est adhérent d'une association LGBTQI+, Amos est venu passer le week-end à Paris. "J'attendais en début de soirée mon conjoint avec un ami au Bon Tivoli, un bar africain proche de la gare de l'Est, quand un homme, assis à côté de moi, a commencé à m'embrouiller parce que je parlais de mon histoire avec mon mec. Certes, je parlais fort, mais il me dit qu'il ne veut pas être assis à côté d'un gay", témoigne-t-il. Interpellé, il lui demande "y a quoi ?" quand l'autre lui jette son verre à la figure, puis carrément une bouteille qu'Amos parvient à esquiver.

Un passant appelle la police

"Immédiatement, au moins six personnes ont déboulé sur moi pour me frapper, la vidéosurveillance du bar le montre. Mon ami a pris des coups, des baffes je pense, et s'est échappé avant de me retrouver plus tard dans la soirée", poursuit Amos qui, lui aussi, tente de fuir le bar. Mais à peine est-il sorti qu'il est rattrapé par les agresseurs. "Ça dure peu de temps, je cherche à m'échapper, mais les autres me frappent, déchirent mes vêtements, me tirent les cheveux et baissent mon pantalon sur les chevilles. C'est très humiliant", explique-t-il. L'un des hommes a filmé la scène, dont il a posté la vidéo sur TikTok avant de supprimer son compte, mais Amos a pu récupérer le fichier à l'appui de son témoignage.

Heureusement, un passant se met à crier qu'il appelle la police, et les agresseurs détalent, "tout comme le gérant du bar qui ferme son rideau de fer", selon la victime. "Ce passant me prête sa veste en jean car mes vêtements étaient tout déchirés", reprend Amos, qui est emmené à l'hôpital avec l'œil gauche particulièrement gonflé. "Aujourd'hui, ça va un peu mieux, même si j'ai toujours un œil amoché et que je suis toujours sous le choc. J'ai coupé mes cheveux et je porte une capuche car j'ai peur qu'on me reconnaisse, la vidéo a beaucoup tourné", confie-t-il. Avant de relever : "J'ai quitté le Congo car j'étais harcelé en raison de mon homosexualité, je ne pensais pas vivre ça à Paris."

Soutien de SOS homophobie

Coprésident de SOS homophobie, Joël Deumier appelle à ne pas s'habituer à ce genre de faits. Par le rassemblement prévu place de la République, "nous voulons apporter notre soutien à Amos et demander au gouvernement de prendre des mesures concrètes et efficaces pour lutter contre les agressions homophobes, déclare-t-il. C'est insupportable qu'en 2024, nous nous fassions agresser au prétexte que nous parlons de notre vie dans un bar." Si Amos, encore sous le choc, n'a pas prévu de marcher, son conjoint fera partie du cortège.

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Crédit photo : DR