Quel veuvage pour les familles queers ? Le film argentin León se penche sur la parentalité lesbienne en racontant le désarroi d'une veuve déterminée à conserver la garde du fils de sa partenaire décédée.
Après le très queer Esteros en 2016, le duo de cinéastes argentins Andi Nachón et Papu Curotto délaissent la dimension romantique des dynamiques LGBTQI+ pour explorer comment faire famille dans leur nouveau film, León, en salles ce mercredi 26 juin. Dévastée après la mort soudaine de sa compagne, Julia s'efforce de garder la tête hors de l'eau pour préserver le petit León, tout en maintenant à flot le restaurant qu'elles avaient ouvert ensemble et en composant avec le père de l'enfant qui réapparaît soudainement. Mais Julia n'est pas la "mère" de León : elle et sa compagne décédée n'étaient pas mariées. Elle l'a élevé et vu grandir, mais n'a aucune filiation légale avec lui, contrairement à ce père jusqu'ici absent qui fait irruption dans la vie de l'enfant.
Faire famille par-dessus tout
"Malgré des avancées juridiques en termes de droits, il y a toujours des zones d'ombre quant aux aspects légaux des liens familiaux quand ils ne sont pas biologiques, expliquent les réalisateurs. On a conçu Julia et les obstacles auxquels elle fait face pour montrer la façon dont les familles sont construites et reconstruites dans le monde queer." En mettant l'accent sur la force du lien entre Julia et León sans jamais tomber dans le pathos, le film montre que nos familles queers sont tout aussi significatives et louables que celles traditionnelles.
Mais León demeure tout de même l'histoire de Julia, de cette jeune veuve contrainte de garder le cap pour le bien-être de celui qu'elle considère aussi comme son enfant. Contre vents et marées, elle met de côté son propre processus de deuil afin de prioriser le bien-être de León, faisant de ce long-métrage un récit de sacrifice et de force d'esprit.
"On avait envie d'explorer un cas de figure où un personnage traverse la perte d'un être cher sans avoir la possibilité de faire son propre deuil, appuie les réalisateurs. On voulait montrer comment celui-ci peut être vécu dans un contexte où il n'y a pas de place pour celui-ci. Ici, on se concentre sur la possibilité d'un renouveau afin de pouvoir aller de l'avant. À nos yeux, cette résilience fait partie intégrante de la culture queer."
Crédit photo : Outplay Films