mondePiégé sur Grindr par la police, Manuel Guerrero a enfin pu quitter le Qatar

Par Nicolas Scheffer le 13/08/2024
Manuel Guerrero, en détention au Qatar en raison de son homosexualité

Arrêté par la police à la suite d'un faux rancard sur Grindr puis victime de mauvais traitements en détention, Manuel Guerrero était visé en raison de son homosexualité, dénonce Amnesty international qui qualifie son procès de "totalement inique".

"Manuel quitte le Qatar définitivement en totale liberté." C'est par ces mots tant attendus que les proches de Manuel Guerrero ont annoncé ce lundi 12 août que ce citoyen mexicano-britannique de 44 ans a enfin pu quitter le Qatar. Salarié de la compagnie aérienne Qatar Airlines, il vivait dans l'émirat depuis sept ans quand il a été arrêté le 4 février après avoir été piégé sur Grindr par la police, une technique répandue dans plusieurs pays du monde arabe. Il avait ensuite subi de mauvais traitements lors de sa détention provisoire, avant d'être relâché le 18 mars avec interdiction de quitter le pays en attendant son procès prévu le 22 avril.

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Jugé pour possession de drogue – un quart de gramme de métamphétamine et des accessoires de consommation –, Manuel Guerrero a été condamné à six mois de prison avec sursis sans possibilité de quitter le territoire. Ses proches accusent la police d'avoir caché la drogue dans son appartement pour masquer le vrai motif de son arrestation. Fin février, Amnesty International avait exprimé sa "préoccupation concernant la détention de Manuel Guerrero en Qatar en raison de son orientation sexuelle". Démenti des autorités, qui assurent qu'un test de dépistage à la drogue se serait révélé positif : "L'arrestation de Manuel Guerrero et l’enquête qui a suivi sont uniquement liées à la possession de substances illégales dans l’intention de les fournir."

Le Qatar pas sûr pour les LGBT

Mais Amnesty ne croit aucunement aux réponses venues du Qatar. "Les autorités qatariennes se servent de cette affaire pour désigner à l’opprobre et poursuivre en justice des personnes LGBTI. Jusqu’à présent, les autorités se sont appuyées sur un résultat d’analyse d’urine manuscrit douteux afin de poursuivre Manuel Guerrero Aviña", écrit l'association. "Cette affaire a été une parodie de justice depuis le moment où Manuel a été saisi dans l’entrée de son appartement", a également dénoncé James Lynch, co-directeur de l'ONG FairSquare, à l'annonce de son jugement le 5 juin.

"Le traitement infligé à Manuel Guerrero Aviña en détention et durant son procès inique a été absolument terrifiant", dénonce en outre Aya Majzoub, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord d'Amnesty International. Pendant sa détention qui a duré six semaines, il aurait ainsi été placé à l'isolement, privé d'eau et de nourriture 15 heures par jour et, alors qu'il est porteur du VIH, les autorités lui auraient refusé pendant un mois son traitement antirétroviral, rapporte l'ONG.

Manuel Guerrero est aujourd'hui hors de danger, et ses proches indiquent qu'il "passera quelques jours à Londres pour être soigné en raison des séquelles liées aux tortures qu'il a subies". Quant à Grindr, l'application a envoyé à ses utilisateurs de la région une alerte appelant à redoubler de prudence.

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Crédit photo : comité de soutien à Manuel Guerrero