Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a annoncé qu'il allait élargir et rendre permanente l'interdiction de la prescription des bloqueurs de puberté aux moins de 18 ans.
La gauche britannique dans les pas des conservateurs. Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni, arrivé au pouvoir en juillet, a annoncé ce mercredi 11 décembre qu'il allait rendre "permanente" l'interdiction de la prescription et de la vente de bloqueurs de puberté aux moins de 18 ans.
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Cette décision, qui doit être réexaminée en 2027, entérine une mesure d'urgence prise en mai par le précédent gouvernement conservateur, dirigé par Rishi Sunak, après la publication d'un rapport appelant à la prudence sur les bloqueurs de puberté faute de "données fiables" sur la transidentité chez les jeunes. Au passage, l'interdiction en vigueur dans le système de santé public est élargie aux médecins travaillant dans le système privé. En revanche, elle ne concernera pas les mineurs auxquels des bloqueurs de puberté ont déjà été prescrits.
Et la santé mentale des jeunes trans ?
Les bloqueurs de puberté, à ne pas confondre avec les hormones prescrites dans le processus de réassignation de genre, sont un traitement réversible qui interrompt les changements physiologiques liés à la puberté, tel le développement de la poitrine ou celui de la pilosité sur le visage. Comme le soulignait Laetitia Martinerie, professeure en endocrinologie pédiatrique à l'hôpital Robert Debré, auprès de têtu· dans un article sur l'accompagnement des ados en questionnement de genre, "le principe repose sur un arrêt de la progression pubertaire afin d'atténuer la détresse et l'anxiété liées à l'apparition des caractères sexuels secondaires".
Mettant de côté la santé mentale des mineur·es concerné·es, le secrétaire d'État de la Santé, Wes Streeting (en photo), travailliste et gay, évoque dans un communiqué "un risque inacceptable pour la sécurité des enfants". Promettant le lancement l'an prochain d'un essai clinique sur l'usage des bloqueurs de puberté, le gouvernement assure qu'il travaille avec le système public de santé (NHS) afin d'ouvrir de nouveaux services spécialisés dans l'identité de genre pour fournir aux personnes concernées "un soutien holistique concernant leur santé et leur bien-être".
Le sujet de la transidentité est particulièrement clivant au Royaume-Uni, où les médias conservateurs se montrent très offensifs face aux revendications des associations LGBTQI+ et où des voix transphobes comme celle de J. K. Rowling, l'autrice de la saga Harry Potter, dominent le débat.
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Crédit photo : Paul Ellis / AFP