Dans la foulée de l'élection de Donald Trump et avant même son arrivée à la Maison-Blanche, de plus en plus de grandes entreprises américaines telles Meta et Amazon annoncent mettre fin à leur politique de "diversité, équité et inclusion" (DEI), en particulier LGBT. Certaines, comme Apple, ont l'air de vouloir résister… jusqu'à quand ?
"Apple veut conserver les programmes de diversité reniés par d'autres entreprises." Parmi les dépêches de l'Agence France-Presse (AFP), ce dimanche 12 janvier, le dernier épisode en date d'une nouvelle bataille menée aux États-Unis par le lobby réactionnaire : la remise en cause des programmes de "diversité, équité et inclusion" (DEI) en entreprise, des politiques de ressources humaines qui visent à lutter contre les discriminations, notamment anti-LGBT. D'Amazon à Meta en passant par McDonald's, Toyota ou encore Walmart : dans le sillage de l'élection de Donald Trump en novembre dernier, et avant même son investiture prévue pour le 20 janvier, plusieurs grandes compagnies américaines ont cédé ces dernières semaines à la pression conservatrice, annonçant la fin de leurs programmes DEI.
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Chez Apple, c'est un think tank conservateur, le National Center for Public Policy Research, qui a soumis au vote des actionnaires une proposition "d'abandonner les efforts en DEI", faisant valoir que ceux-ci exposeraient les entreprises à de potentielles poursuites judiciaires depuis que la Cour suprême à majorité conservatrice a banni, en juin 2023, la discrimination positive ("affirmative action") des universités. Mais le conseil d'administration de l'entreprise – dont le patron, Tim Cook, a fait son coming out gay en 2014 – s'est prononcé contre cette remise en cause, soulignant qu'Apple dispose d'un programme "bien établi" pour être en conformité avec la loi et accusant le groupe de réflexion d'essayer de "micro-manager" l'entreprise. Un vote sur la proposition doit encore avoir lieu en assemblée générale du groupe, prévue pour le 25 février.
Meta parmi les collabos du lobby réac
Cette position d'Apple tranche avec celles d'autres entreprises américaines d'envergure mondiale, notamment dans le monde de la tech. Ainsi, Meta, qui chapeaute Facebook, Instagram mais aussi WhatsApp et Threads, vient à son tour de s'aligner avec le lobby réactionnaire. Dans une note interne révélée ce vendredi 10 janvier, le groupe annonce l'abandon immédiat de sa politique de discrimination positive envers les femmes et les minorités ethniques lors des recrutements : "Le paysage juridique et politique autour des efforts de diversité, d'équité et d'inclusion aux États-Unis est en train de changer. […] Avoir des objectifs [d'inclusion] peut donner l'impression que les décisions sont prises sur la base de la race ou du genre", justifie la société, assurant néanmoins qu'elle continuera à chercher des profils d'origines diverses. Dans la même veine, Mark Zuckerberg, le patron de Meta, ancien soutien du camp démocrate, multiplie désormais les appels du pied à Donald Trump, en annonçant notamment un relâchement de sa politique de modération des contenus qui permettra désormais bien plus de commentaires LGBTphobes…
De son côté, Amazon avait déjà revu son programme en matière de diversité en décembre 2024 pour "éliminer les programmes et les documents obsolètes". Dans un mémo interne la vice-présidente DEI au sein du groupe, Candi Castleberry, expliquait : "Nous nous concentrons sur des programmes aux résultats prouvés et nous visons à favoriser une culture véritablement plus inclusive." La multinationale de grande distribution Walmart, premier employeur privé du pays, Total ou encore Ford ont également abandonné leurs politiques de diversité, équité et inclusion en novembre. Elles ont été rejointes début janvier par McDonald's. "Notre position et notre engagement pour l'inclusion est ferme", veut faire croire l'entreprise dans un communiqué tout indiquant ne plus se fixer d'objectifs chiffrés en la matière, ne plus mesurer ses avancées via des enquêtes externes et ne plus demander à ses fournisseurs de respecter des objectifs de DEI.
Signe des temps qui changent, Amazon, Meta, mais aussi Google et Microsoft (qui avait viré dès l'été dernier son équipe DEI) ont fait un don de 1 million de dollars chacune pour la cérémonie d'investiture de Donald Trump. Tandis que Sam Altman (OpenAI) et Tim Cook (Apple) ont participé de la même somme sur leurs fonds personnels. C'est ce qui s'appelle, pour le second, ménager la chèvre et le chou…
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Crédit photo : capture d'écran Apple via YouTube