Pour protéger nos rapports sexuels du VIH, le préservatif est tellement ancré dans nos vies qu'il a même sa journée mondiale, le 13 février, veille de la Saint-Valentin… Mais ces dernières années, un nouvel outil est venu révolutionner la santé sexuelle gay : la PrEP. Alors, lequel vous convient le mieux ? Petit guide d'information pour vous aider à trancher, en partenariat avec Sexosafe.
En matière de protection de nos rapports sexuels face au VIH, c'est le match de ce début de siècle. À notre gauche, le bon vieux préservatif, tenant du titre depuis plusieurs décennies… À notre droite son challenger, la PrEP, la petite pilule qui monte… Le combat s'arrête là, car la santé sexuelle n'est pas une compétition ! "Entre le préservatif et la PrEP, il n'y a pas forcément de choix à faire, expose la Dre Olivia Son, infectiologue à Paris. Ce qui important, c'est de savoir exactement ce qui existe et de décider ce qui correspond à sa situation." L'un n'est pas qu'une alternative à l'autre, et chacun à ses avantages et ses inconvénients, alors on fait le point pour vous aider à choisir.
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- Ce bon vieux préservatif
Commençons par la capote. "Utilisé correctement, le préservatif réduit efficacement les risques d'être infecté par le VIH et les hépatites, développe Olivia Son. En revanche, rappelle-t-elle, "la protection est moyenne voire très moyenne pour les infections à chlamydia, le gonocoque, la syphilis, l'herpès et le mpox, et elle est nulle contre le papillomavirus humain (HPV)". Gros avantage sur la PrEP : c'est un outil qui demande assez peu d'anticipation puisqu'il est en vente libre aussi bien en pharmacies que dans les supermarchés et sur Internet. S'en procurer ne demande pas de visite chez un professionnel de santé – sauf vous souhaitez une prescription pour être remboursé parce que vous avez plus de 26 ans (les moins de 26 ans ont accès à des préservatifs gratuits sans ordonnance en pharmacie). S'il demande un peu de technique au début (entraînez-vous pour prendre le coup de main), il est assez simple d'utilisation.
Le plus gros défaut du latex ? "Le moment où il faut y penser n'est pas idéal : contrairement à la PrEP, il n'est pas déjà en place lorsqu'on en a besoin", souligne l'infectiologue. En outre, certains utilisateurs le trouvent désagréable et inconfortable, d'autres sont allergiques au latex (heureusement il existe des alternatives, dont on vous parle ici). En conséquence, son usage systématique lors de rapports sexuels anaux est assez faible : les derniers chiffres parlent de 23% parmi les hommes gays et bisexuels. En outre, quasiment personne n'utilise de capote pour les fellations malgré le risque de transmission d'IST (voire du VIH, un risque faible mais pas nul). Dernier défaut : lorsque que l'on se fait pénétrer, la protection dépend de sa bonne utilisation par son partenaire.
- Hello PrEP !
De son côté, la PrEP protège très efficacement du VIH, mais uniquement du VIH. Son gros atout : être paré avant le rapport sexuel. Ce médicament prophylactique (c'est-à-dire qui prévient l'infection) doit en effet être pris au minimum deux heures avant l'action quand il est pris en discontinu ; et quand il est pris de manière quotidienne, la protection est permanente.
Si on la compare au préservatif en termes d'usage, la PrEP peut présenter quelques inconvénients qui s'avèrent toutefois minimes au regard des bénéfices. "Certains utilisateurs peuvent trouver que prendre la PrEP médicalise les rapports sexuels", note Olivia Son. De fait, le protocole nécessite de prendre un comprimé par jour (ou deux le premier jour si elle est prise de façon discontinue, voir le mode d'emploi complet ici). À vous de réfléchir si l'instauration de cette routine est moins contraignante à vos yeux que de sortir un préservatif et de l'enfiler dans le feu de l'action.
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La PrEP est un médicament sur ordonnance : il faut donc suivre un circuit médical et s'astreindre à des consultations et des dépistages réguliers, tous les trois mois (recommandés dans tous les cas, soit dit en passant). Au début, l'affaire peut sembler un brin contraignante. Mais, d'expérience, notre infectiologue constate que ses patients "s'adaptent vite ; ce n'est pas franchement rédhibitoire, simplement quelque chose de nouveau". Au-delà de dépistages trimestriels qui permettent de traiter d'éventuelles IST rapidement, cette mise en place d'un suivi médical régulier présente un vrai bénéfice. "Lorsque l'on prend la PrEP, avec le suivi que cela suppose, il y a vraiment la possibilité, en cas d'accident, de symptômes, de doutes… de consulter rapidement et en confiance son médecin prescripteur, c'est-à-dire quelqu'un qui s'y connaît", fait valoir Olivia Son. Et ça, c'est à la fois pratique et rassurant. D'autant que ce médecin, en principe bien informé sur la santé sexuelle, est aussi là pour faire de la prévention et de l'éducation. Lorsqu'on suit un protocole PrEP, les soignants sont ainsi les interlocuteurs privilégiés pour parler, par exemple, de chemsex sans jugement, ou pour vous donner les dernières informations sur l'épidémie de mpox. "Être rapidement accompagné par quelqu'un en qui on a confiance, de nos jours, c'est un privilège", considère Olivia Son.
Comme pour tout médicament, la PrEP vient avec sa liste de potentiels effets secondaires indésirables (diarrhées, vomissements, nausées, vertiges, maux de tête, fatigue), que ne provoque pas le préservatif. "Les effets indésirables ne concernent qu'autour de 10% des personnes qui prennent la PrEP, tempère néanmoins Olivia Son. Ils ne sont pas graves et disparaissent généralement au bout de deux-trois jours de traitement pour la PrEP en continu, et deux-trois cycles de prise pour la PrEP à la demande." Si ces effets persistent, il est toujours possible d'essayer les formules de différents laboratoires pour en trouver une qui soit mieux tolérée. Ce qui est sûr, c'est que la PrEP n'affecte pas la libido et ne provoque pas de troubles de l'érection. Elle n'est pas non plus contre-indiquée en cas de prise d'alcool et/ou d'autres drogues ; en revanche, il est préférable de ne pas cumuler PrEP et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (en cas de doute sur une éventuelle contre-indication, posez la question à votre médecin !).
- Alors, PrEP ou capote ?
Alors, PrEP, capote, ou les deux ? C'est à vous de décider ce qui vous convient le mieux. L'objectif est de trouver des outils de prévention avec lesquels vous êtes confortable au quotidien afin de vous assurer une protection aussi complète que possible. Votre boîte à outils contient aussi les dépistages réguliers, le traitement post-exposition (TPE), les vaccinations (hépatites A et B, HPV, mpox), ou encore l'utilisation de matériel à usage unique lors de la consommation de drogues.
>> Pour résumer, si vous êtes séronégatif et que vous avez plusieurs partenaires, se poser la question de la PrEP est toujours une bonne idée si :
- Vous souhaitez la protection la plus efficace possible contre le VIH.
- Vous ne portez jamais ou très rarement de préservatif, quelle que soit la raison.
- Il vous arrive d'oublier le préservatif.
- Vous pratiquez le chemsex, qui facilite l'oubli de la capote.
- Vous craignez que la capote craque.
- Vous ne faites pas confiance à votre/vos partenaire(s) pour porter correctement la capote.
- Vous voulez vous protéger du VIH lors de fellations sans capote.
- Vous avez déjà eu recours au traitement post-exposition au VIH (TPE) et vous n'avez pas envie de recommencer.
- Vous souhaitez un suivi médical régulier pour prendre en main votre sexualité sexuelle.
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