écransFestival Cinéma du réel à Paris : 10 docus queers à ne pas manquer

Par Franck Finance-Madureira le 21/03/2025
"Pédale rurale", un film d'Antoine Vasquez

L'édition 2025 du festival international du film documentaire Cinéma du réel, à Paris, se tient du 22 au 29 mars. Au programme notamment, une dizaine de films LGBT+, comme autant de regards queers sur le monde.

La référence parisienne des festivals dédiés au documentaire, Cinéma du réel, lance sa 47e édition qui s'étend du 22 au 29 mars dans quatre salles indépendantes. Entre portraits d’anonyme ou d’artiste, récits d’exils et séance-hommage à un pionnier du cinéma queer, Lionel Soukaz, nous vous avons préparé un parcours très têtu· pour profiter de cette semaine de découverte.

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Des pédales rurales à Giorgia Meloni

Avec Pédale rurale, son premier long-métrage, Antoine Vasquez nous présente son ami Benoît, un gay qui a choisi de vivre sa vie à la campagne, non loin de l’ancienne ferme de ses parents. Sans pudeur, devant la caméra, il évoque ses moments de solitude, ses rencontres via les applications et la façon dont il occupe ses journées, entre cultures de légumes divers et pratiques artisanales. Peu à peu, le cadre du film s'élargit du petit paradis de Benoît au contexte plus large du Périgord vert, où quelques queers du coin décident de mettre sur pied la première Pride de cette région rurale au son de "Queers du terroir, on sort du placard !".

Autre forme d’engagement que celle du surprenant Docteur Bini, protagoniste de GEN, de l’Italien Gianluca Matarrese, qui s’est spécialisé à la fois dans l’accompagnement des grossesses complexes et celui des personnes transgenres. Admirable, drôle et affable, ce médecin milanais proche de la retraite connait bien ses sujets et jongle comme il le peut avec le durcissement des lois lié à l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni.

James Baldwin, Jacques Nolot…

Trois portraits d’artistes queers évoquent, chacun à leur façon, les liens entre identité et création. C’est la figure de James Baldwin qui est au centre de Jimmy de Yashaddai Owens, un superbe exercice de style qui évoque, à coup de fausses archives en noir et blanc tournées de nos jours, les années parisiennes de l’écrivain noir et gay. Dans Adnan being and time, Marie Valentine Regan filme l’artiste Etel Adnan au travail, quelques années avant son décès. Cette peintre/poétesse/plasticienne originaire du Liban, qui a partagé sa vie avec Simone Fattal, elle aussi artiste, se livre avec puissance et malice sur son histoire et son art. Devant la caméra de Maxence Vassilyevitch, c’est une journée de sa vie que nous offre Jacques Nolot, grand second rôle du cinéma français, scénariste et cinéaste. Du café du matin à la veillée devant Manège, son tout premier film en tant que réalisateur, en passant par une balade à la Porte Dauphine, l’homme évoque des souvenirs personnels de drague et de prostitution, sa vie de vieil homo et son rapport au monde dans Je suis déjà mort trois fois.

Des récits d’exil et un hommage

S’il est une thématique forte qui revient cette année dans les documentaires LGBTQUI+ du festival, c’est bien celle de l’exil. Dans le long-métrage Chansons d’exil, Dado Amaral fait lire à Marcia Tiburi et Jean Wyllys, deux activistes brésiliens exilés respectivement à Paris et Barcelone, les lettres qu'ils échangent depuis leur arrivée. Le film, simple, laisse toute la place à ces courriers lus avec émotion.

Avec son court-métrage bricolé, Une lettre si longue, la jeune cinéaste Kaini Zhang, qui étudie à Paris, tente de maintenir le lien avec sa mère, dans une forme de post-coming out qui n’en finit plus. Quant à la réalisatrice Clara Jeany, elle fait témoigner de façon directe dans Ma Vie est ici Flora et Louise, tombées amoureuses l’une de l’autre il y a plus de six ans à Yaoundé, et qui ont dû fuir le Cameroun à cause de leur homosexualité et de la violence à leur encontre.

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Enfin, dans Tent City, film court réalisé en 1980 par Miñuca Villaverde, les images d’archives et la voix off racontent la vie dans les camps de réfugiés cubains, à Miami. Parmi eux, un petit groupe de jeunes hommes assument leur homosexualité au jour le jour et témoignent de leur goût pour le travestissement en organisant des shows drag, des soirées festives et animées au beau milieu d’une misère qui s’enracine.

Le festival a également tenu à programmer une séance d’hommage à l’un des pionniers du cinéma gay, militant et mémoriel, Lionel Soukaz, mort le 4 février chez lui, à Marseille. L’occasion de voir sur grand écran Race d’Ep 2 : le troisième sexe – deuxième partie de son film culte Race d’Ep – consacré à la figure de Magnus Hirschfeld, premier médecin à étudier scientifiquement les sexualités, accompagné du doc-manifeste Ixe, décrit par l’écrivain Guy Hocquenghem comme "un écartèlement : aux quatre points cardinaux, aux quatre extrémités de la croix, la Guerre, le Sexe, la Religion et la Drogue", et de La Loi X, la nuit en permanence, une célébration des films censurés par l’État français.

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Crédit photo : Antoine Vasquez

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