Un pilier de l'équipe de rugby auteur de fan-fictions gays, ça ne passe pas inaperçu dans un lycée perdu de Nouvelle-Zélande. La série N00B, sur Canal+, marque un essai qui fleure bon les années 2000 et les hormones en ébullition.
Star de son équipe de rugby, Nikau le beau gosse est le roi du lycée. Seule ombre au tableau pour sa bombasse de copine : il préfère mille fois abreuver internet de fictions gays qu'explorer sa culotte. Lorsque la fan-fiction fuite, Nikau devient un paria dans sa petite ville néozélandaise de Gore. En six épisodes d'une vingtaine de minutes, N00B, la nouvelle série de Canal+ signée Victoria Boult et Josh Frizzell, aborde avec humour un dilemme sempiternel : est-il préférable d'être rejeté pour ce qu'on est que d'être aimé pour ce que l'on n'est pas ? Si vous êtes adepte de récits initiatiques où s'entrechoquent coming out et préoccupations adolescentes, vous êtes au bon endroit. N00B est cette année en lice dans la sélection "compétition séries courtes" du Festival Cannes séries.
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La recette de N00B est vieille comme le monde : une romance classique entre le mec populaire et le "weirdo" du bahut. Avril Lavigne aurait pu en écrire le générique sur le rythme de "Skaterboy". Comme par hasard, le crush de Nikau a le même look que le chanteur de My Chemical Romance qui inspire ses fantasmes littéraires. Les clichés ne manquent pas, et à vrai dire chaque personnage porte son lot de stéréotypes : la copine sexy égocentrique et superficielle, le meilleur ami geek un peu benêt et maladroit, la clique de sportifs machos… Sauf qu'au lieu de nous rebuter, cet amas de lieux communs qui ne se prennent pas au sérieux nous amusent. N00B – abréviation de "newbie", terme péjoratif qui désigne un joueur débutant de jeux vidéo – fait preuve de pas mal d'autodérision, les comiques de situation fonctionnent et la série joue à fond sur la nostalgie des années 2000, son cadre.
N00B moins sage que Heartstopper
On connaît la toxicité viriliste des amitiés entre garçons ainsi que les rivalités et jalousies entre filles dans les productions des années 2000. Lolita Malgré moi, Gossip Girl, Pretty Little Liars, Glee… un florilège de trahisons et de coups bas. N00B parvient à reproduire ces mêmes mécanismes tout en les nuançant. Les personnages dépassent nos attentes, s'entraident et parviennent peu à peu à s'affranchir en partie de leurs étiquettes. Et c'est bien là l'enjeu de l'adolescence : s'affirmer et s'émanciper du regard extérieur.
Le rugbyman populaire qui tombe amoureux de l'outsider gay… L'intrigue n'est pas sans rappeler celle de la série pour ados Heartstopper. N00B est cependant une alternative moins fleur bleue, moins sage. Les garçons s'adonnent au jeu de la biscotte, les jeunes comme les vieux regardent du porno, et les ados ne mettent pas un siècle à se tenir la main timidement. Rien de trash pour autant, la série reste tout public et ne dépeint pas les travers d'une jeunesse hors de contrôle. N00B trouve le bon ton pour décrire ces jeunes qui ont envie de s'éclater, et la mentalité étriquée et puritaine de leur environnement. Une brise rafraîchissante qui souffle sur les séries bonbons de nos adolescences.
Crédit photo : Canal+